Alors que Sharon s'acharne à humilier les Palestiniens, Yasser Arafat a demandé, hier, une réunion urgente du Conseil de sécurité pour stopper l'agression israélienne. Curieux le silence dans lequel s'est murée la communauté internationale, au moment où le chef du gouvernement israélien poursuit méthodiquement, imperturbable, son action de destruction des institutions palestiniennes symboles de l'Autonomie palestinienne. C'est d'autant plus singulier que l'Autorité autonome palestinienne est la résultante des accords d'Oslo conclus, après d'âpres négociations, entre l'Etat hébreu et l'Organisation de la libération de la Palestine (OLP). Ces accords d'Oslo, placés sous l'égide des Etats-Unis, ont été signés en septembre 1993, en présence du président Bill Clinton, par le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et le président de l'OLP, Yasser Arafat. Cette Autorité autonome palestinienne, aujourd'hui reconnue par l'ONU et l'ensemble de la communauté internationale, est la représentation symbolique de l'Etat palestinien en devenir. Or, c'est à ces institutions que le chef de gouvernement israélien s'est attaqué avec l'objectif affirmé de réduire à néant tous les acquis du processus de paix laborieusement mis sur pied il y a maintenant une décennie, depuis la conférence de Madrid de 1991. C'est donc tout cet ensemble représentant des années d'efforts de la communauté internationale, de concessions de la part des Palestiniens, pour rendre l'instauration de la paix entre Israéliens et Palestiniens possible, que le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, remet en cause, sans qu'il se trouve des voix pour lui tracer des lignes à ne pas dépasser, et lui dire de faire attention à ne pas commettre l'irréparable! Or, outre la destruction des institutions palestiniennes, l'assignation du président Arafat à Ramallah, constitue non seulement une violation du droit international à l'actif du bourreau des Palestiniens, mais aussi à l'encontre de tout esprit d'apaisement, d'autant que, cyniquement, ces mesures contre Yasser Arafat sont accompagnées par une volonté manifeste et réitérée d'humilier le président et le peuple palestiniens. Cela sans que la communauté internationale ose protester contre ces dépassements qui ne contribuent pas à apaiser la tension, mais élargissent le fossé entre Israéliens et Palestiniens. Plus, par son acharnement à humilier les Palestiniens et leur président, Sharon cherche surtout à exacerber la pression sur un peuple et ses dirigeants lesquels, hélas, n'ont trouvé aucune aide ni secours de la part d'une communauté internationale tétanisée, alors que la première et unique violence demeure l'occupation des territoires palestiniens. Un peuple se fait massacrer, ses dirigeants sont victimes d'assassinats ciblés sans que les Nations unies et la communauté internationale, impuissantes à réagir, aient tenté d'y mettre le holà en condamnant de telles pratiques. Qui osera dire aux Israéliens que leur intérêt est de cohabiter avec les Palestiniens, que la formule «la paix contre la terre», principe qui fonde les accords d'Oslo, est encore le meilleur moyen d'assurer l'existence et la sécurité de l'Etat hébreu? Qui osera, d'autant que, là où Shamir avait échoué en 1988, mater l'Intifadha alors qu'il n'y avait pas d'Autorité autonome palestinienne, Sharon a encore moins de chances d'y réussir en 2002 même s'il tente de délégitimer les institutions palestiniennes. Victime d'un déni de droit, le peuple palestinien continue à mettre son espoir dans une communauté internationale appelée, d'une manière ou d'une autre, à se ressaisir et à imposer aux Israéliens de négocier pour épurer définitivement le plus vieux conflit du monde. Aussi, les Nations unies doivent-elles s'impliquer plus directement dans un contentieux qui est prioritairement de leur ressort. Pour, d'une part, rétablir le calme et, d'autre part, imposer une solution conforme autant aux accords d'Oslo qu'aux diverses résolutions votées par le Conseil de sécurité de l'ONU.