L'explosion à la bombe qui a fait neuf morts samedi à Pune, dans l'ouest de l'Inde, dans un restaurant touristique, est le premier attentat depuis celui de Bombay qui avait fait 166 morts en novembre 2008. Le gouvernement indien étudie toutes les pistes. En priorité, les investigations se sont orientées évidemment vers le groupe islamiste Lashkar-e-Taiba (LeT), basé au Pakistan, déjà mis en cause dans les attaques de 2008. La piste d'un groupe local dénommé les Moudjahidine indiens, également impliqué dans plusieurs attentats par le passé, est aussi étudiée, a rapporté un responsable de la sécurité indienne. En fait, les deux groupes sont imbriqués pour lutter ensemble contre la présence indienne au Cachemire. La tension avec le voisin pakistanais est de nouveau d'actualité. D'ailleurs, depuis les attentats de Bombay, le processus de paix est suspendu entre l'Inde et le Pakistan. Et chaque jour apporte son lot de tensions. Les autorités des deux pays estiment de façon récurrente que la situation à leur frontière était précaire. Le Pakistan se défendant d'être à l'origine des attentats qui visent son voisin. Et l'Inde maintient quant à elle ses accusations, les attaques terroristes sur son sol portent la signature des Pakistanais, voire de leurs services secrets ! Ce type d'accusations est en vogue depuis décembre 2001, avec l'attaque contre le Parlement de New Delhi, attribuée au groupe islamiste LeT basé au Pakistan. Les deux pays avaient même failli s'affronter, n'était la réaction des Etats-Unis notamment. Depuis, le chaud alterne le froid dans leurs relations avec des déclarations fermes, parfois guerrières, accompagnées sur le terrain de renfort de troupes indiennes et pakistanaises à la frontière. Si à la longue, c'est devenu davantage des mesures d'intimidation destinées à faire pression que de véritables scénarios de guerre, le risque d'escalade est toujours présent. L'Inde et le Pakistan, nés de la partition sanglante de l'Empire britannique des Indes en août 1947, se sont livrés trois guerres en 61 ans, avant de réamorcer en janvier 2004 un difficile processus de paix. Par le passé, un lien a été établi à plusieurs reprises entre le LeT et l'Inter-Services Intelligence du Pakistan, mais depuis l'arrivée au pouvoir du mari de Benazir Bhutto assassinée par des terroristes, Asif Ali Zardari, une reprise en main de l'ISI par le pouvoir central est en cours. Le département politique de l'ISI a même été démantelé l'an dernier. Mais l'Inde n'y croit pas trop. Islamabad a beau multiplier les gestes de bonne volonté, le Premier ministre indien, Manmohan Singh, ne s'empêche pas de mettre directement en cause les autorités pakistanaises, jugeant que les opérations terroristes dans son pays devaient avoir bénéficié du soutien de certaines agences officielles de son voisin. Le président pakistanais doit non seulement convaincre son voisin, mais aussi à l'intérieur de son propre pays où de fortes tensions opposent toujours le camp pro-Occidental et partisan d'un rapprochement avec l'Inde et le camp pro-militaire. Or, au Pakistan, aucun gouvernement ne peut mener une politique sans qu'elle soit approuvée par l'armée.