La Coordination des ports s'était illustrée, depuis des années, à la pointe du combat des travailleurs et des dockers, s'opposant à toute politique de privatisation des ports et de certaines de leurs activités. S'il y a une phrase qui aura pris toute sa signification hier, à Oran, à l'ouverture des travaux du congrès constitutif de la Fédération des travailleurs des ports, c'est bien celle prononcée par Driss Benbrik au sujet de ce congrès. “L'on nous disait que nous avions la légitimité mais pas la légalité.” Depuis hier, c'est chose faite pour la Coordination des syndicats des ports algériens. En effet, la Coordination des ports s'était illustrée depuis des années à la pointe du combat des travailleurs et des dockers s'opposant à toute politique de privatisation des ports et de certaines de leurs activités. Des grèves ont été menées par la coordination dans les grands ports comme celui d'Alger, de Béjaïa, d'Oran ou encore d'Arzew qui a un statut de port mixte. À Arzew, le conflit des dockers fut engagé en réaction à la prise en charge par la STH, une filiale de Sonatrach, de plusieurs activités comme le remorquage, ce qui a été, à l'époque, dénoncé par les travailleurs du port. Cette question fera d'ailleurs l'objet de discussions particulièrement serrées au sein des congressistes. Tout en se revendiquant de l'UGTA, la Coordination nationale n'en a pas moins manifesté à cette occasion son autonomie vis-à-vis de la direction de la centrale. Dès lors, la question était de savoir si, par la légalisation, les représentants des dockers allaient pour autant perdre un tant soit peu de leur capacité à mener leur combat. “Nous avons mené les combats qu'on devait mener à un moment donné et on les mènera de nouveau si cela s'impose à nous. Nous avons compris certaines orientations du SG de l'UGTA lors de son discours. Avec la création de la fédération, nous allons enfin vers les conventions de branches que nous attendons depuis trois ans”, dira M. Benbrik, pressenti pour être le futur président de cette fédération. Le patron de la Centrale syndicale avait, en effet, pris la parole pour fustiger, à demi-mot et sans les nommer, l'action des syndicats autonomes et surtout pour marquer la différence avec eux, l'UGTA ayant toujours, selon lui, le souci de “la stabilité du pays”, contrairement aux organisations qui recourent systématiquement à la grève. Sidi-Saïd a également tenu à interpeller le gouvernement quant à la flambée des prix de large consommation qui, de fait, annihile les augmentations de salaires consenties par les pouvoirs publics et les entreprises. Refusant d'anticiper sur ce que sera la ligne de la Fédération des travailleurs des ports, notre interlocuteur dira que c'est au cours des travaux du congrès, et en fonction du choix des congressistes, que se préciseront les revendications et l'avenir des travailleurs. “Pour nous, la coordination c'est aujourd'hui du passé, on n'était pas légaux, mais aujourd'hui c'est fini et nous pouvons continuer à lutter pour les travailleurs des ports”. Il est clair qu'au vu des propos de certains congressistes, la priorité de la fédération sera la convention des branches pour statuer sur les salaires, le travail précaire, notamment pour les dockers, et l'autre point, des plus cruciaux, celui de leur contractualisation. Dans l'après-midi, les travaux se poursuivaient toujours à l'hôtel Mouahidine d'Oran qui abrite la rencontre des travailleurs des ports pour la désignation d'un bureau, d'un président et l'ébauche d'une plate-forme de revendications.