Après plusieurs mois de mutisme, Saïd Allik sort de sa réserve pour faire le point sur la situation délicate de son équipe. Il en explique les raisons dans cet entretien, et trace les contours de l'USMA de demain. Liberté : Pour la première fois depuis plusieurs années, vous venez d'effectuer le déplacement à Oum El-Bouaghi avec votre équipe pour le match de coupe contre l'USC, pourquoi ? Saïd Allik : C'est vrai, cela fait longtemps que je ne me déplace pas avec mon équipe à l'extérieur, et cela n'a rien à voir avec le fait que je ne suis pas satisfait des résultats de l'équipe, même si, à ce niveau-là, il y a beaucoup de choses à dire effectivement. En vérité, le problème réside dans le fait que dans nos stades, en général, les présidents de club ne trouvent pas leur place ; ils ne sont pas du tout les bienvenus dans les tribunes officielles et nos stades ne sont pas dotés d'emplacement spécial pour les officiels. Ajoutez à cela le fait que la Fédération ait interdit aux présidents de s'asseoir sur le banc de touche, vous comprendrez aisément pourquoi je n'ai pas envie de me déplacer avec mon équipe pour passer un sale moment dans un stade. D'ailleurs, je vous le dis franchement, à Oum El-Bouaghi vendredi, je suis resté sur le banc de touche dans un stade qui n'arrêtait pas de gronder et où les supporters n'arrêtaient pas d'insulter. J'ai même refusé de quitter ma place quand le délégué m'a demandé de quitter le banc de touche. J'assume mon acte et je dis que dans le Complexe omnisports d'Oum El-Bouaghi, ce n'est que sur le banc de touche que je me sentais à l'aise. Certes, les dispositions des instances fédérales manquent de réalisme et s'avèrent même utopiques comme si nos décideurs ne connaissaient pas la réalité du terrain. Maintenant pour revenir à votre question, effectivement les supporters m'ont demandé de me déplacer plus souvent avec l'équipe. Ils pensent que cela peut faire du bien au groupe. J'espère que c'est le cas. Comment avez-vous trouvé l'équipe de l'USMA contre l'USC ? Au-dessous de la moyenne, et je pense que la qualification au prochain tour de la Coupe d'Algérie est la seule satisfaction à tirer de cette confrontation. Je pense que l'absence de plusieurs joueurs-cadres de l'équipe et l'incapacité de l'entraîneur à aligner deux à trois fois de suite la même équipe mettent à mal le rendement et la cohésion du groupe. À cela s'ajoute l'état piteux du terrain qui ne favorise pas la pratique d'un beau jeu. C'est une pelouse en gazon naturel catastrophique ; c'est dommage car le stade est très beau. Avec un constat pareil, certains veulent aller au professionnalisme, je ne sais pas comment. Quelles sont les raisons qui font que, depuis quelque temps, le rendement de l'USMA a sensiblement baissé ? Le problème de l'USMA, c'est surtout une crise de résultat. L'équipe est gagnée par le doute, c'est certain. Le fait d'avoir perdu beaucoup de points à Bologhine a engendré la chute de l'équipe et, ma foi, l'USMA n'arrive pas à développer son jeu habituel dans des conditions pareilles. Les joueurs sont trop crispés pour le faire. Il y a aussi le fait que nous enregistrons cette saison une cascade de blessures, une véritable poisse. Achiou, Bourahli, Dziri, Benaldjia, Sayah, Rial, Aït Ouameur, Chekhlam, pour ne citer que ceux-là, ont tous été blessés, ce qui a provoqué une baisse sensible du rendement de l'équipe. C'est une véritable hécatombe. Je me demande même si une autre équipe aurait pu faire mieux avec autant de blessés. Donc, si nous avons bien compris, pour cette saison, le maintien serait un objectif primordial pour l'USMA, en attendant la coupe, n'est-ce pas ? Je pense que l'équipe de l'USMA est parfaitement capable d'assurer son maintien cette saison. Franchement, je ne me fais pas de souci pour ça, mais, je ne leur demanderai pas plus, si ce n'est d'améliorer un peu le classement. Nous allons profiter cette saison pour bâtir une équipe pour la saison prochaine, et lancer le maximum de jeunes afin d'assurer la relève. Pour la coupe, nous allons essayer d'aller le plus loin possible. Donc vous n'avez pas fixé d'objectif spécial pour le coach Saâdi ? Il a été convenu avec Saâdi de préparer une équipe pour l'avenir. Il est clair qu'après avoir passé une période faste, l'USMA doit se donner le temps de se reconstruire, de redevenir l'équipe performante et conquérante qu'elle a toujours été, et cela passe par de la patience. Nous allons donc construire l'USMA de demain grâce, notamment à ces jeunes que compte le club et à l'apport d'un recrutement de qualité nécessaire. Pensez-vous que les jeunes de l'USMA sont à même d'assurer justement cette relève ? Pourquoi pas ? C'est vrai que, pour le moment, ces jeunes manquent de rigueur, de punch et d'efficacité, mais il faut savoir aussi leur donner le temps de s'aguerrir. De toutes les façons, nous n'avons pas d'autre choix que de leur faire confiance pour assurer l'avenir de l'USMA. Peut-on avoir une idée sur le recrutement justement ? Nous avons chargé le DTS, Mustapha Aksouh, de préparer le travail dans ce sens. Un véritable travail de prospection à même de dénicher des éléments dont l'USMA a besoin pour être renforcée. Je pense d'ailleurs que nous aurons à recruter quatre à cinq joueurs l'été prochain. Nous avons des insuffisances dans des compartiments de jeu bien précis, qu'il faudra absolument renforcer, et nous en avons pleinement conscience. Mais où trouver ces renforts, quand vous avez un marché pauvre en joueurs de qualité ? C'est vrai, le marché des joueurs comme vous dites est pauvre, c'est difficile de trouver en Algérie un joueur performant, capable d'apporter un plus.