Les étudiants étrangers doivent parler l'anglais assez correctement pour obtenir le droit de poursuivre leurs études en Grande-Bretagne. Les jeunes Algériens désirant poursuivre leur cursus universitaire au Royaume-Uni seront certainement pénalisés par la nouvelle mesure du gouvernement britannique exigeant des étudiants étrangers d'avoir un niveau correct en anglais pour obtenir un visa. Il y a quelques jours, Alan Johnson, premier responsable du Home Office, annonçait un durcissement de la réglementation. Désormais, la porte sera fermée aux étudiants qui bredouillent en s'exprimant dans la langue de Shakespeare ou ne la connaissent pas du tout. Les demandeurs de visa doivent avoir un niveau d'anglais équivalent au GCSE (General Certificate of Secondary Education), un diplôme qui sanctionne les études moyennes des élèves britanniques, sur la base d'une connaissance convenable de la syntaxe et du lexique. Auparavant, les universités britanniques assuraient elles-mêmes l'initiation des étudiants étrangers à l'anglais. À Londres, les boursiers algériens étaient orientés dans des établissements comme King's College où ils accomplissaient une année d'apprentissage linguistique. Beaucoup soupçonnent le gouvernement britannique d'avoir conditionné la délivrance du visa étudiant, par la maîtrise de l'anglais, en vue de restreindre le nombre de bénéficiaires. 240 000 autorisations d'entrée sont délivrées chaque année par le Royaume-Uni. On en compte une toutes les deux minutes et 1,5 million depuis 2002. Des expertises ont révélé que beaucoup d'étrangers utilisent le visa étudiant comme un subterfuge, dans la perspective d'une résidence définitive en Grande-Bretagne. Le constat s'applique surtout aux ressortissants originaires d'Asie comme les Indiens et les Pakistanais. Pour faire échec à leurs plans, les services de l'immigration ont dressé d'autres entraves que la langue. Selon la nouvelle législation, les étudiants étrangers n'ont pas le droit de travailler au-delà de 10 heures par semaine, au lieu de 20 auparavant. Leurs conjoints, s'ils sont présents, n'ont plus la possibilité de postuler pour un emploi. La loi interdit d'ailleurs aux étudiants en stage de courte durée d'être accompagnés de dépendants. En avril dernier, les autorités avaient déclaré la guerre aux universités délictueuses qui enrôlent en masse des étudiants étrangers, uniquement pour renflouer leurs caisses. En payant annuellement jusqu'à 8 000 livres de frais d'inscription et de scolarité chacune, les recrues constituent une source inestimable de recettes financières pour les patrons des campus. Peu scrupuleux, certains ne prennent même pas la peine de vérifier les antécédents scolaires des inscrits. Cette complaisance a eu des conséquences assez fâcheuses l'année dernière quand un groupe d'étudiants, d'origine pakistanaise, était arrêté pour des allégations de liens avec une organisation terroriste. En décembre dernier, le jeune Nigérian qui avait projeté de faire exploser un avion des lignes aériennes américaines, au-dessus de l'Atlantique, était lui-même étudiant. Il avait obtenu un visa d'entrée au Royaume-Uni en 2005 et était inscrit à UCL (University College London). Aujourd'hui, tous les établissements souhaitant recruter des étudiants étrangers doivent être homologués par l'Etat. Du côté de l'opposition, évidemment, ce genre de mesures paraît dérisoire. À la place, les conservateurs proposent l'instauration d'une caution financière d'un montant conséquent, que les hôtes des campus britanniques devraient verser à leur arrivée dans le pays et ne pouvoir la récupérer qu'à leur départ définitif.