Certaines universités doivent leur existence à la présence massive d'étudiants étrangers qui constituent une source de financement inestimable en matière de frais d'inscription. Environ 300 000 étudiants étrangers poursuivent un cursus universitaire au Royaume-Uni. De grande renommée internationale, des établissements comme Cambridge ou Oxford font la notoriété de l'enseignement supérieur britannique et lui apportent la fortune. Environ 5 milliards de livres rentrent dans les caisses de ces institutions sous forme de frais d'inscription-en moyenne 20 000 livres par an et par individu- et d'autres dépenses scolaires que les étudiants étrangers versent. Certains campus à Londres comme City university, l'Institut des études africaines et orientales (School for Africain and oriental studies) et l'institut des sciences économiques (School of economics) doivent en grande partie leur pérennité à l'afflux des apprenants non britanniques. Jusqu'à un quart de leurs revenus proviennent de cette manne. Conscients de son importance, certains établissements se muent en rabatteurs pour attirer dans leurs amphithéâtres le plus grand nombre d'étudiants étrangers. Leur stratégie consiste à tisser des liens avec des entremetteurs locaux (des instituts d'enseignement associés ou des agences pourvoyeuses de facilités en matière de visas). En mars dernier, l'arrestation d'une douzaine d'étudiants pakistanais, accusés d'implication dans la préparation d'attentats terroristes à Manchester a dévoilé l'étendue de cette pratique. Tous doivent leur inscription dans l'une des universites de la ville à des intermédiaires qui se sont chargés des procédures d'inscription et de visas, monnayant des commissions substantielles. Un intermédiaire de Karachi a révélé à la BBC que son bureau est inondé de brochures publicitaires provenant d'universités britanniques. Ces dernières ont d'ailleurs très mal accueilli la décision du gouvernement de durcir les procédures de délivrances des visas aux étudiants étrangers. En mars dernier, alors que le complot de Manchester n'était pas encore découvert par la police, les services de l'immigration dévoilaient des mesures drastiques. La première consiste a fixer à 4 ans la durée du visa étudiant. Au-delà de ce délai, les étudiants qui n'ont pas achevé leur cursus doivent introduire une demande d'extension de leur titre de séjour. Pour des raisons de sécurité, il leur est demandé de s'identifier auprès du commissariat de leur quartier. De leur côté, tous les établissements doivent passer un test d'éligibilité avant d'accueillir des étudiants étrangers. Sur 14 000 institutions, 2 100 ont été, a ce jour, agréées. 400 autres ont été recalées. Russel Group, une association représentant 50 établissements de recherche a saisi le gouvernement, lui demandant de revoir sa nouvelle politique de visas. Selon cet organisme, les restrictions sont de nature à décourager les étudiants étrangers et réduire leur affluence au Royaume-Uni. Ils citent en exemple, l'expérience des universités américaines qui ont été lourdement pénalisées par les verrous mis en place après les attentats du 11 septembre 2001, en vue de contrôler l'arrivée des étrangers. En Ecosse, les universités locales prévoient des pertes à hauteur de 50 millions de livres, si le nombre des étudiants non britanniques venait à diminuer. Outre l'impératif sécuritaire, la décision prise il y a quelques semaines d'imposer une taxe d'entrée sur le territoire britannique aux travailleurs et aux apprenants originaires des pays se trouvant hors de l'Union européenne, devrait agir comme un frein supplémentaire. S. L.-K.