La Fédération agroalimentaire est intervenue auprès de la SGP à l'effet de surseoir à l'exécution de la décision de justice d'expulser les 182 travailleurs. C'est une histoire invraisemblable à laquelle sont confrontés depuis cinq ans 182 travailleurs des Moulins d'Oran d'Eriad (ex-Sempac) situé à Oued Tlélat, à une dizaine de kilomètres d'Oran. L'enjeu est de taille puisqu'il s'agit de “détourner légalement” un bien de l'Etat sur la base d'un acte de transfert de propriété des docks coopératifs au nom de l'Union des coopératives agricoles (UCA). Pour mieux situer le contexte de cette affaire, il faut préciser que les structures des Moulins d'Oran sont une ancienne ferme coloniale ayant appartenu au sieur Rivas Marie Manurla. “Le renforcement de cette structure émane d'un premier décret qui s'est vu affermi par un second décret numéro 65-89 en date du 26 mars 1965 portant création des statuts de la société nationale (ex-Sempac) en vertu des biens de l'Etat déclarés par l'ancien ministre Belaïd Abdeslem”, précise notre interlocuteur. Le clou de cette affaire, qui risque de faire beaucoup de vagues, a provoqué une levée de boucliers des travailleurs. Ces derniers ont nettement affiché leur volonté de recourir à la grève de la faim illimitée ou le suicide collectif. “Ce ne sont pas des paroles en l'air, mais nous sommes déterminés à aller vers cette forme de protestation pour arracher nos droits”, a affirmé Mohamed Tayebi, secrétaire générale (UGTA) du siège de la filiale des Moulins d'Oran. Mais, c'est surtout le caractère rédhibitoire qui prête à équivoque. Aux yeux du syndicaliste, la part de responsabilité du notaire ayant officialisé l'acte de propriété au bénéfice de l'UCA reposerait sur la “base d'un simple procès-verbal d'un conseil d'administration en date du 1er décembre 1954”. Voilà qui ajoute aux inquiétudes des travailleurs qui ont été sommés de quitter les lieux dans un délai d'un mois. “Les forces de sécurité ont voulu nous déloger, mais nous avons réagi en occupant notre structure”, a affirmé M. Tayebi. Les Moulins d'Oran, qui ont une capacité de production journalière de l'ordre de 3 000 quintaux de blé, sont considérés comme l'unique minoterie au niveau de la wilaya d'Oran. La Fédération agroalimentaire basée à Alger est intervenue auprès de la SGP à l'effet de surseoir à l'exécution de la décision de justice d'expulser les 182 travailleurs. Ceux-ci dénoncent, dans le fond et dans la forme, une telle décision qui a été prononcée, selon eux, “sur la base d'un acte de propriété en contradiction avec les décrets initiés par le ministre des industries légères”.