La porte-parole du parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a présidé hier à la bibliothèque communale de Belfort, à El-Harrach (Alger), une cérémonie de célébration du double anniversaire de l'UGTA et des nationalisations des hydrocarbures en présence d'une foule nombreuse et des cadres de son parti. Une occasion pour Hanoune de rappeler les “acquis majeurs de la révolution et du peuple algérien”, qualifiant au passage la classe laborieuse que forment les travailleurs algériens de classe progressiste. Une occasion pour Louisa Hanoune de dénoncer l'acharnement des autorités algériennes sur les travailleurs, à l'instar des praticiens de la santé qui sont depuis plus de trois mois en grève et qui ne trouvent aucun interlocuteur et de Meriem Mahdi, en grève de la faim depuis 57 jours. “À l'occasion de ce jour historique, j'appelle le Premier ministre à accorder une audience à ces praticiens de la santé. Comme je fais appel au ministre du travail pour se pencher sur le cas de Meriem Mahdi aujourd'hui en danger de mort après des semaines de grève de la faim. Je pense que celui qui ne peut pas défendre une personne, ne peut en défendre des milliers. Les multinationales, dont British Gaz, ne reconnaissent pas les syndicats algériens”, a-t-elle déclaré. Hanoune n'a pas manqué de revenir sur les privatisations qui, selon elle, guettent toujours les entreprises publiques, sur la lutte contre la corruption et même sur la réconciliation nationale, mais aussi sur l'OMC, fustigeant au passage le ministre Chakib Khelil. Hanoune dira que “les négociations avec l'OMC ont enchaîné l'économie nationale au profit des multinationales. Aujourd'hui, il faut une politique de rupture franche concernant les ressources naturelles nationales, comme celle prônée par le défunt président Houari Boumediene. En 2005, Khelil voulait nous imposer un modèle colonial, un régime de concessions colonialistes. Ce que même le président Bouteflika a dénoncé lors d'un discours en déclarant : Ils veulent faire de l'Algérie un autre Irak”. Hanoune ira même plus loin en s'interrogeant : “c'est quoi ces agences de régulation ? Elles ont mis sur pied un Etat parallèle, un Etat dans un Etat. Aujourd'hui, on nous dit que la distribution de l'électricité sera ouverte au secteur privé dans cinq ans. Nous, nous disons que Sonatrach comme Sonelgaz sont une propriété exclusivement de l'Etat et elles ne peuvent pas devenir des sociétés par actions”, a-t-elle martelé. Hanoune enchaîne : “Au lieu de privatiser les entreprises publiques qui restent, le mieux serait de récupérer les sociétés publiques cédées, il y a quelques années, la Sonatiba, la DNC, El-Hadjar...”, indiquera-t-elle. La porte-parole du PT a salué la démarche du gouvernement dans sa lutte contre la corruption, même si elle juge que cela est loin d'être suffisant. “C'est une juste cause de s'attaquer à la corruption qui gangrène notre pays et certains secteurs en particulier. cette corruption a conduit à la désertification industrielle nationale. Mais cela ne peut être suffisant, cela doit être accompagné par une justice indépendante loin des pressions et du deux poids, deux mesures. Des corrompus avérés, au lieu d'être sanctionnés, ont été promus. Les nouveaux riches issus du parti unique et partisans de la démocratie de façade et de la politique du replâtrage”, a-t-elle ajouté. Enfin, Hanoune, qui a rendu un hommage aux efforts du président de la République, a vivement soutenu la réconciliation nationale qu'elle a jugée très positive, demandant au passage son élargissement. “Il faut terminer avec cette sombre étape que les algériens ont connue durant plus d'une décennie et maintenant il faut que la réconciliation nationale connaisse un élargissement. Le temps est venu pour tourner définitivement la page”, a-t-elle préconisé.