Israéliens et Palestiniens ne donnaient pas cher de la trêve unilatérale, conditionnelle de trois mois, proclamée fin juin par les groupes armés palestiniens, pratiquement parvenue hier à mi-course, en dépit de la nette baisse des violences depuis son entrée en vigueur. Les deux camps redoutent une nouvelle éruption de violence susceptible de porter atteinte aux efforts de paix déployés par les Etats-Unis qui poussent à la mise en oeuvre de la "feuille de route", le plan de paix international pour un règlement du conflit israélo-palestinien. Les groupes armés palestiniens, dont les islamistes du Hamas et du Jihad islamique, ont proclamé unilatéralement le 29 juin une trêve ("Houdna", en arabe), conditionnelle et temporaire de leurs attaques contre Israël. Pour les premiers 33 mois de l'Intifadha, déclenchée fin septembre 2000, avant la trêve, la moyenne était 100 morts par mois, dont 77 Palestiniens et 23 Israéliens. Au cours des six dernières semaines; 22 personnes ont été tuées : 16 Palestiniens, 5 Israéliens et un camionneur bulgare. Néanmoins, un sondage publié la semaine dernière par le quotidien israélien Maariv indiquait que pour 81 % des Israéliens la trêve n'avait eu que peu ou pas du tout d'effet. En visite à Djeddah en Arabie saoudite samedi, le Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, a, pour sa part, rendu Israël responsable d'une éventuelle rupture de la trêve, après un raid de l'armée à Naplouse (Cisjordanie), qui a fait quatre tués palestiniens, dont deux activistes du Hamas. Toutefois, les Palestiniens, en général, et les activistes, en particulier, ont pu goûter pour la première fois un certain répit, l'armée israélienne ayant desserré son étau autour des territoires palestiniens, une mesure qui s'est traduite par une bouffée d'oxygène dans leur vie quotidienne et leur économie. Pour Israël, les opérations militaires menées dans le contexte de l'Intifadha ont englouti des sommes d'argent considérables alors que l'insécurité aggravait une situation économique déjà difficile. Mais il faudrait davantage pour effacer l'effet de trois années de lutte sanglante et rétablir un minimum de confiance entre deux camps qui s'accusent l'un l'autre de torpiller la "feuille de route". Les Palestiniens sont exaspérés par la poursuite de la colonisation juive alors que la "feuille de route" exigeait son arrêt effectif. Ils ont été consternés par la libération de seulement 350 prisonniers sur 6 000, présentée par Israël comme un "acte de bonne volonté". Dans ce contexte, le ministre palestinien Ziad Abu Amr, chargé des contacts avec les groupes radicaux, a averti samedi que la trêve n'allait pas durer alors que "l'armée israélienne continue à détruire des maisons, à arrêter des personne et les tuer". L'Autorité palestinienne a jusqu'à fin septembre pour montrer qu'elle sévit contre les groupes radicaux, sinon Israël le fera à sa place, a averti vendredi le ministre de la Défense israélien, Shaoul Mofaz.