Redoutant les conséquences négatives de sa libération des membres d'Al-Qaïda en échange de l'otage français, le Mali tente de rectifier le tir en exprimant sa volonté d'améliorer ses relations avec la Mauritanie et l'Algérie, qui avaient vivement critiqué cette décision. Bamako est déterminé à renouer rapidement avec Alger et Nouakchott, qui l'avaient vivement critiqué après qu'il eut élargi quatre membres d'El-Qaïda en échange de la libération de l'otage français Pierre Camatte, rappelant, en signe de protestation, leur ambassadeur au Mali. C'est ce qui ressort des déclarations du ministre malien des Affaires étrangères, Moctar Ouane, lequel a exprimé la volonté de Bamako d'améliorer ses relations avec la Mauritanie et l'Algérie. Ceci étant, la brouille entre le Mali et ses deux voisins constitue un véritable coup de frein dans la lutte contre El-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans la bande sahélo-sahélienne, selon les observateurs. Il a notamment déclaré, mercredi dernier lors d'une rencontre avec le corps diplomatique accrédité au Mali : “Le gouvernement du Mali demeure profondément attaché aux relations séculaires de fraternité, d'amitié et de bon voisinage, en particulier avec la République algérienne démocratique et populaire et la République islamique de Mauritanie.” Réaffirmant la volonté du Mali de combattre le terrorisme, il insiste sur le fait que le Mali “intensifiera ses efforts en vue de la préservation de ses relations, notamment par le renforcement du dialogue politique entre les trois pays”. Moctar Ouane affirme que “le gouvernement du Mali restait déterminé à combattre le terrorisme et le banditisme transfrontalier sous toutes ses formes”. Il annonce, dans cette optique, que “la nouvelle stratégie nationale de lutte, élaborée par le gouvernement sur les directives du président de la République, sera examinée par le Conseil supérieur de la défense, le vendredi 05 mars 2010”. Dans le même ordre d'idées, le gouvernement mauritanien refuse de négocier avec les groupes terroristes ou de faire un échange de prisonniers contre des otages en leur possession, a affirmé jeudi le Premier ministre mauritanien Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf. “Il n'y aura pas de négociations avec ces groupes terroristes et il n'y aura pas d'échange de qui que ce soit contre qui que ce soit avec les preneurs d'otages”, a-t-il affirmé au cours d'une conférence de presse, avant d'ajouter : “Autrement, on n'en finira jamais.” Le chef du gouvernement mauritanien affirme cependant que son pays entendait “faire tout ce qui est en son possible pour que les otages pris sur notre territoire puissent retrouver leur liberté et regagner les leurs”. El-Qaïda au Maghreb islamique avait réclamé la libération de quatre prisonniers en Mauritanie pour libérer un couple d'Italiens enlevé sur son territoire. Ould Mohamed Laghdhaf a, dans ce cadre, souligné le haut degré de préparation de son armée “présente désormais partout et bien préparée pour assurer la sécurité dans son pays et sur ses frontières”. Il ajoute : “L'armée a été suffisamment dotée de moyens pour faire face à toutes les menaces, son dernier exploit contre les criminels à sa frontière nord en est la preuve.” Pour rappel, la semaine dernière, l'armée mauritanienne avait tendu une embuscade à un convoi de véhicules transportant de la drogue, “sécurisée par les groupes criminels présents dans le région”, faisant trois morts et 20 prisonniers dans les rangs des islamistes. Concernant les relations entre le Mali et la Mauritanie en rapport avec la lutte contre le terrorisme, le Premier ministre a loué la coopération entre les deux pays, qualifiant ces relations de “fraternelles et séculaires, tissées par le sang, la religion, la géographie et l'histoire”. “Il est vrai que nous avons répondu de façon diplomatique à un geste que nous avons jugé inamical, pour le reste, rien n'a changé”, a-t-il dit au sujet du rappel par son pays de son ambassadeur à Bamako en protestation contre la libération d'un salafiste mauritanien recherché par Nouakchott pour la libération d'un otage français.