Le ministère de l'Education vient d'exécuter sa menace de défalcation des salaires pour les enseignements grévistes. Ainsi, selon des sources proches du département de Benbouzid, les enseignants grévistes vont percevoir le salaire du mois de mars diminué de 8 000 DA pour des simples enseignants et 15 000 DA pour ceux qui occupent des postes de responsabilité. La même décision sera prise pour la prime de rendement du 1er trimestre de l'année en cours (janvier, février et mars 2010) qui sera, elle aussi, amoindrie de 6 000 DA à 16 000 da suivant le poste occupé par chaque enseignant. Ces mesures, qui toucheront plus de 60% des effectifs et que le ministère a hésité à exécuter dans un premier temps, interviennent en application de la circulaire datée du 23 février et portant le n°175/2010 signée par son secrétaire général, et adressée aux 48 directeurs de wilaya de l'éducation. Ce document avait, pour rappel, averti les enseignants grévistes que “le ministère n'hésitera pas à appliquer des retenues sur salaires pour tous les jours non travaillés comme il verra à la baisse l'attribution de la prime de rendement qui sera donnée en fonction des journées non travaillées”. Nos sources affirment que les enseignants n'ayant pas pris part à la grève et ceux qui ont décidé de rejoindre leur poste de travail ne seront pas concernés par ces décisions. Outre ces mesures, le département de Benbouzid, qui s'appuie sur la décision de la chambre administrative de la cour d'Alger, rendue le 1er mars, menace les grévistes de licenciement sans préavis en se référant à la loi 90/02 relative à la prévention et au règlement du conflit de travail et au décret 85/95 relatif aux relations de travail dans les établissements administratifs et publics. Le communiqué, rendu public avant-hier par le ministère, a menacé de la mise en œuvre de la radiation des effectifs de la Fonction publique conformément à la réglementation en vigueur les enseignants en abandon de poste. Mais les syndicalistes affirment qu'ils n'ont pas encore reçu cette décision qualifiée de surprenante. “Nous avons respecté toutes les démarches et les procédures prévues par la réglementation et nous estimons que notre grève est légale”, indiquent des syndicalistes du Cnapest rencontrés avant-hier à Boumerdès. Ces derniers ont décidé de maintenir leur mouvement malgré le jugement rendu par la justice. “Pour nous, il s'agit de défendre notre dignité”, affirment-ils. Sur leurs revendications, les syndicalistes estiment insuffisantes les augmentations du fait que les résultats de la commission qui a travaillé sur le régime indemnitaire ont été plus que décevants, indique Si Youcef du Cnapest, qui s'est également interrogé sur le retard enregistré dans l'application des décisions prises par les deux commissions de travail (œuvres sociales et médecine du travail) qui, selon lui, ont déjà terminé leurs travaux. “La mise en application de ces nouvelles mesures relèvent pourtant d'une simple signature”, souligne-t-il.