Non-assistance à personne en danger La mort au bout de la revendication? Un sit-in est prévu aujourd'hui devant la Présidence. Au 23e jour de grève de la faim, l'état de santé des 55 enseignants contractuels s'est sérieusement détérioré. On en a déjà évacué 28 à l'hôpital alors que deux autres sont dans un état préoccupant, nous a-t-on indiqué de sources proches des grévistes. «On attend qu'il y ait des décès pour réagir!», a indiqué Mme Meriem Maârouf, porte-parole des enseignants contractuels. Selon le rapport de la situation de santé des grévistes, qu'elle nous a remis sur place, on constate une diminution de 38% de leur poids et même plus. Certains grévistes présentent une hypotension artérielle, d'autres une hypoglycémie et un dysfonctionnement de l'appareil digestif ainsi que des cas d'évanouissements. «Le Conseil national de la santé publique se demande pourquoi le ministère de la Santé n'a pas envoyé une délégation médicale pour s'enquérir de l'état de santé et moral des grévistes», lit-on dans le rapport distribué par le Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap). Les rédacteurs du document, signé par le président du bureau national du Snapap, M.Houari Kaddour, recommandent «l'envoi d'une délégation médicale pour prendre en charge l'état des grévistes». Ils réclament aussi «le dialogue avec les grévistes de la faim afin de trouver une issue à leur revendications» Et de conclure: «Dans le cas où les grévistes ne seront pas pris en charge, ce qui va mettre leur vie en danger, le pouvoir algérien assumera sa responsabilité». Mme Maârouf a déploré «le mépris» du ministère de l'Education nationale, qui persiste à faire la sourde oreille même après le déclenchement de la grève de la faim. Aucun geste n'a été effectué envers ces enseignants grévistes. En revanche, des organisations de défense des droits de l'homme, des syndicats autonomes et des ONG internationales ont fait part de leur solidarité avec les grévistes. Une délégation de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (aile de M.Ali-Yahia Abdenour), conduite par maître Mustapha Bouchachi, s'est déjà rendue sur place. Des représentants du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), du Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) et de plusieurs sections du Snapap leur ont rendu visite pour les soutenir dans leur action revendicative. De l'étranger, les messages de soutien et de solidarité continuent d'affluer. A l'instar de la Fédération des travailleurs de l'éducation, affiliée à la Confédération du travail (CNT) de France, qui se solidarise avec ces enseignants grévistes, nous a-t-on indiqué compte même soutenir leur action de protestation en vue de «mettre un terme à la précarité» dans laquelle ils se trouvent. De son côté, la fondation Solifonds, basée à Zurich (Suisse), déclare son «soutien total» à ce mouvement de protestation. Pour rappel, le ministre de l'Education nationale, M.Boubekeur Benbouzid avait sommé cette frange des enseignants à participer à des concours pour être en fonction des résultats et intégrés en qualité de permanents. Une condition inchangeable et inchangée, selon lui. Il a indiqué, dans ce contexte, la création de 27.000 postes budgétaires. Selon les dires de plusieurs syndicalistes, ces concours de recrutement ne sont, en aucun cas crédibles, puisque souvent les listes des lauréats comportent des noms de candidats qui n'ont même pas passé les épreuves. «Tant que les commissions sont composées uniquement de représentants de l'administration, les concours ne seront pas crédibles», déclarent, d'une seule voix, les contractuels. Diminués physiquement, les enseignants grévistes gardent le moral intact et restent déterminés à aller jusqu'au bout de leurs revendications. Ces grévistes de la faim réclament l'intégration des enseignants contractuels, dont le nombre au niveau national dépasse les 40.000. Ils réclament également les salaires de certains enseignants, qui n'ont pas été perçus depuis 3 ans, ainsi que le paiement des deux mois de vacances d'été (juillet et août). Poursuivant leur mouvement de grève, il vont organiser, aujourd'hui, un sit-in devant la Présidence, à El Mouradia, à Alger.