Ne faisant pas dans la dentelle, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a prié le Maroc de faire davantage de progrès sur les droits de l'homme, tout en indiquant que l'UE soutenait les efforts de l'ONU pour “une solution juste, durable et mutuellement acceptable” dans le conflit du Sahara occidental. Le message écrit adressé par le souverain alaouite, Mohammed VI, au premier sommet Union européenne - Maroc, qui s'est déroulé, hier, à Grenade en Espagne, dans lequel il appelait à un “règlement politique du différend artificiel” du Sahara occidental sur la base de la proposition marocaine de large autonomie pour cette région, n'a eu aucun effet sur le nouveau patron de l'UE, le Belge Herman Van Rompuy. Ce dernier n'a pas hésité à appeler le Maroc à faire “davantage de progrès dans le respect des valeurs fondamentales et des droits de l'homme” de manière générale dans le royaume mais également au Sahara occidental. Il y a lieu de noter qu'il a épousé la position des Nations unies, en évoquant le contentieux du Sahara occidental, en affirmant que l'UE soutenait les efforts de l'ONU pour “une solution juste, durable et mutuellement acceptable”. Revenant sur la question des droits de l'homme au Sahara occidental, le président du Conseil européen a déclaré : “Nous souhaitons aussi des améliorations de la situation des droits de l'homme dans ce contexte et de leurs défenseurs.” Il faisait certainement allusion aux militants sahraouis des droits de l'homme détenus dans les geôles marocaines. Sur un ton ferme, Van Rompuy soulignera qu'il avait adressé un message “clair et sans équivoque” en ce sens, lors du sommet UE - Maroc. Ceci étant, l'Union européenne ne pouvait rester insensible aux nombreuses sollicitations des organisations non gouvernementales de défense de droits de l'homme, dont particulièrement Amnesty International, et des différentes associations pro-sahraouies, qui ont mis à profit ce premier sommet UE - Maroc pour organiser un contre-sommet à Grenade, avec une manifestation en présence de la militante Aminatou Haïder. C'est un véritable camouflet pour Rabat, qui s'attendait à un soutien à sa position de la part de l'Union européenne. Et ce n'est pas le message adressé par le roi du Maroc au sommet dans lequel il persistait dans sa fuite en avant en rappelant que seule sa proposition d'autonomie constituait une base de règlement du conflit du Sahara Occidental, qui allait influer sur les responsables européens. En effet, Mohammed VI a tenté de les tromper en affirmant que le Maroc “engage les autres partis à répondre à l'appel du Conseil de sécurité et à s'engager en faveur d'un règlement politique au différend artificiel relatif à son intégrité territoriale sur la base de l'initiative marocaine dotant la région du Sahara d'une autonomie élargie dans le cadre de la souveraineté du royaume, de son unité nationale et de son intégrité territoriale”. Il n'a fait que rabâcher le discours tenu par Rabat depuis qu'il occupé le Sahara occidental en 1975. Le souverain chérifien cherchera également à tromper l'opinion publique en liant le règlement du conflit sahraoui à l'avenir de la région en réitérant “son engagement pour une relance crédible et sérieuse de la construction maghrébine et pour l'édification d'un avenir commun fondé sur le respect de la souveraineté des Etats, de leur intégrité territoriale et des règles de bon voisinage”. Ceci étant, redoutant probablement cette position de l'Union européenne, Mohammed VI n'a pas pris le risque de participer à ce premier sommet entre l'Union européenne et le Maroc, qui a obtenu en 2008 de l'UE le “statut avancé” qu'il réclamait depuis 2004. La délégation marocaine était conduite par le Premier ministre marocain, Abbas el Fassi, alors que du côté européen, ont participé à la réunion le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, le président de la Commission, José Manuel Barroso, le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, et son ministre des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos.