Le rappel à l'ordre adressé par l'Union européenne au Maroc en matière des droits de l'homme n'a pas satisfait la militante sahraouie Aminatou Haïdar, qui demande des actes concrets, critiquant vivement au passage le gouvernement espagnol pour sa passivité dans la gestion du conflit du Sahara occidental. Présente à Grenade, où elle a participé à une manifestation contre le sommet Union européenne – Maroc, la militante sahraouie des droits de l'homme Aminatou Haïdar a jugé insuffisant l'appel lancé au Maroc par le président du Conseil européen Herman Van Rompuy à faire davantage d'efforts pour les droits de l'homme, en réclamant de l'UE des “actions concrètes”. Dans une conférence de presse, elle a affirmé que “ce n'est pas suffisant. Je crois que cela a été une espèce de souhait, il faut des actions concrètes pour faire pression sur le Maroc”. Pour rappel, le nouveau patron de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, avait déclaré à la fin de ce sommet : “Nous souhaitons des améliorations de la situation des droits de l'homme (...) et de leurs défenseurs” au Maroc, notamment au Sahara occidental, tout en insistant sur le fait qu'il avait adressé un “message clair et sans équivoque” en ce sens à la partie marocaine. Par ailleurs, Aminatou Haïdar a une nouvelle fois vivement critiqué l'attitude du gouvernement espagnol, dont “le seul but est de n'avoir aucun problème avec le Maroc”, soulignant qu'elle n'avait pu rentrer au Sahara occidental que “grâce à l'action cruciale des Etats-Unis et de la France”. Elle a réclamé que la Minurso, la force de paix de l'ONU au Sahara occidental, voit son mandat élargi au contrôle du respect des droits de l'homme dans ce territoire. Pour rappel, Haïdar avait observé une grève de la faim de 32 jours à grand retentissement international, fin 2009 en Espagne, pour protester contre son expulsion par les autorités marocaines. Elle avait finalement été autorisée à rentrer à Laâyoune, principale ville du Sahara occidental. Mme Aminatou Haïdar s'est félicitée de l'organisation de cette manifestation et de ce message “très fort” adressé par des milliers de personnes aux gouvernements espagnol et marocain. Cette manifestation “vient démontrer que les Sahraouis ne sont pas seuls et qu'il y a des milliers et des milliers de personnes en Espagne et dans le monde qui soutiennent la cause sahraouie, et qui dénoncent les violations des droits de l'homme commises au quotidien par le Maroc contre le peuple sahraoui et contre son droit à l'autodétermination”, a-t-elle dit. Elle a estimé que le soutien qu'elle avait reçu à l'aéroport de Lanzarote (îles Canaries) durant ses 32 jours de grève de la faim et la manifestation de Grenade peuvent “servir à faire pression sur le gouvernement socialiste de Jose Luis Rodriguez Zapatero pour l'amener à changer sa position à l'égard de la cause sahraouie”. Ceci étant, des milliers de personnes, 10 000 selon les organisateurs, ont manifesté dimanche à Grenade pour soutenir le droit à l'indépendance du peuple sahraoui et dénoncer le “statut avancé” accordé à l'UE au Maroc, alors qu'il viole les droits de l'homme dans les territoires sahraouis qu'il occupe. Cette manifestation, qui s'est voulue comme une réponse à la tenue dans cette ville du premier sommet UE - Maroc, s'est déroulée sous le mot d'ordre “Sans liberté ni droits de l'homme, non au statut avec le Maroc”, à l'appel de la coordination espagnole des associations solidaires avec le Sahara occidental (CEAS) qui regroupe plus de deux cents associations à travers l'Espagne. Les manifestants ont appelé également à cesser de “marchander” avec la liberté des peuples et hâter la décolonisation du Sahara occidental pour “permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit démocratique à l'autodétermination”. “Le statut avancé accordé au Maroc par l'UE consolide la honte et la plus grande des violations que l'on puisse faire aux droits de l'homme”, a déclaré à la presse le leader d'Izquierda Unida (IU-Gauche-Unie), la troisième force politique en Espagne, Cayo Lara. “Les nombreux Sahraouis, présents à cette manifestation, ne sont pas des indépendantistes. Ils veulent simplement qu'on leur rende ce qui leur a été volé, c'est-à-dire les droits dont ils ont été spoliés par le régime marocain”, a-t-il dit. “Usurper la patrie, les biens et, partant, la vie des Sahraouis est la plus grande violation des droits de l'homme que l'on puisse faire”, a-t-il ajouté.