Alors que les violentes répressions qui se sont abattues sur les populations sahraouies ont été vigoureusement condamnées par la communauté internationale, l'ambassadeur américain au Maroc souligne une amélioration des droits de l'homme dans le royaume. Une sortie médiatique qui risque de, très certainement, compliquer la prochaine tournée de l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies dans la région. Christopher Ross est attendu, en principe, ce mois de mars pour tenter de renouer le fil du dialogue entre le Front Polisario et le Maroc. «Nous reconnaissons que Sa Majesté le roi Mohammed VI et le gouvernement marocain ont établi l'un des plus grands exploits du monde arabe en mettant en oeuvre de larges réformes qui ont amélioré de manière tangible le dossier des droits de l'homme dans ce pays», a déclaré Samuel Kaplan dans une dépêche, datée du 11 mars, répercutée par l'agence de presse officielle marocaine MAP. L'ambassadeur US avait-il l'intention de contrer les déclarations du président du Conseil européen? «Nous avons aussi discuté de la question du Sahara occidental, question que l'Union européenne suit de près et qui engage beaucoup d'Européens. L'Union européenne soutient les efforts des Nations unies pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable. L'Union européenne continuera à être active sur le front des aspects humanitaires du conflit. Nous souhaitons voir des améliorations dans la situation des droits de l'homme dans ce contexte et dans la situation de leurs défenseurs», avait fait remarquer Herman Van Rompuy dans son rapport, à l'issue du premier sommet UE-Maroc qui s'est tenu le week-end dernier à Grenade en Espagne. Les deux jours qui ont suivi cet événement ont été émaillés de violentes répressions. Les populations sahraouies de Dakhla et d'El Aayoune qui manifestaient pacifiquement après le retour d'une délégation de militants sahraouis des droits de l'homme des camps de réfugiés de Tindouf, ont subi un tabassage en règle. Les Etats-Unis n'y ont vu que du feu. Le congrès chilien a condamné avec fermeté les perpétuelles violations des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, a fait savoir un communiqué de la représentation sahraouie à Santiago. Ses membres ont appelé leur gouvernement (chilien) à dénoncer «les violations systématiques des droits fondamentaux pour lesquels ont été victimes les militants sahraouis». L'Association des amis de la Rasd (Aarasd) a énergiquement condamné, jeudi, les violences policières exercées par les forces d'occupation marocaines à l'encontre des manifestants sahraouis. «L'Aarasd dénonce vigoureusement cette nouvelle atteinte aux droits de l'homme et ce déni de toute expression démocratique à l'encontre des militants et défenseurs sahraouis des droits de l'homme», a déclaré depuis la capitale française, Régine Villemont, la secrétaire générale de cette organisation non gouvernementale. Deux de ses membres ont assisté à la brutalité qui a caractérisé l'intervention musclée des policiers marocains. Aux côtés des onze militants sahraouis qui ont visité les camps de réfugiés de Tindouf, «ils ont pu témoigner avec émotion de leur stupeur face à la brutalité de la répression d'une manifestation pacifique, simplement destinée à réclamer l'application d'un droit reconnu par la communauté internationale», a indiqué le communiqué de l'ONG française. Cette dernière souligne sa très forte inquiétude quant au sort réservé par les autorités marocaines aux manifestants sahraouis qui, pacifiquement, réclament leur droit, pourtant consacré par la légalité internationale, à décider de leur avenir. «La communauté internationale doit se donner les moyens de protéger la population civile sahraouie en élargissant le mandat de la Minurso à la surveillance effective du respect des droits de l'homme et en mettant le Royaume chérifien en situation de respecter au Maroc comme au Sahara occidental, ses engagements internationaux», a proposé l'Aarasd. Une déclaration en guise de mise au point. Elle devrait rappeler au diplomate américain en poste à Rabat, que le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique sous occupation marocaine.