La Fondation du 8-Mai 1945 n'a pas caché ses appréhensions concernant le sort réservé à la loi criminalisant le colonialisme, initiée par le FLN et signée par 125 députés da la majorité islamo-conservatrice du Parlement. Au lendemain de la sortie du président de l'Assemblée nationale, Abdelaziz Ziari, lequel a affirmé que l'adoption ou non de la loi dépendra des circonstances et de la conjoncture “dans lesquelles nous serions à ce moment-là”, la Fondation s'interroge sur ce qu'elle qualifie de revirement de situation inattendu. “La Fondation du 8-Mai 45 s'interroge sur ce revirement de situation inattendu. Le projet de loi incriminant le colonialisme, déposé au secrétariat du bureau de l'Assemblée nationale le 13 janvier, remanié et reformulé le 25 février dernier, ne peut souffrir en réalité d'aucune ambiguïté pour être relégué aux calendes grecques”, estime-t-elle dans un communiqué rendu public hier. Dans des déclarations à la presse, le président du Parlement avait indiqué que son institution a adressé le projet de texte à l'Exécutif pour avis. Celui-ci dispose de deux mois pour répondre. Mais, a précisé Ziari, le texte en question ne sera pas programmé durant la session de printemps du Parlement et son adoption ou non dépendra des circonstances et de la conjoncture dans “lesquelles on sera à ce moment-là”. Une sortie assimilée par nombre d'observateurs à un recul des autorités algériennes. “Tout retard ou relégation n'ajouteront que de l'eau au moulin du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui ne souhaite que l'instauration de la culture de l'oubli, de l'amnésie et la mise au tiroir des dossiers qui irritent la France officielle”, écrit Boukherissa Kheiredine. Dans la polémique qui a entouré ce projet de texte criminalisant le colonialisme, le chef de la diplomatie française avait estimé que “les choses seraient plus simples après la disparition de la génération de l'Indépendance”. “N'ayant aucun doute quant à la probité et l'engagement du gouvernement, cependant, nous craignons que la lourdeur des procédures ne verse dans la mise à mort de ce texte. Nous avons attendu trop longtemps pour que nos revendications soient entendues et prennent forme. Cinq ans pour répondre à une loi valorisant le colonialisme, pour qu'aujourd'hui l'indécision s'affiche comme improbabilité. Nos craintes sont fondées et légitimes. Ajoutant inch'Allah à nos vœux, et les choses prendront le chemin que Dieu leur a prêté”, conclut le communiqué.