Quatre-vingt-seize pages de pur plaisir, où se mêlent le talent et l'expérience d'hier à la fraîcheur d'aujourd'hui. Bendir rassemble ce qu'il y a de meilleur dans le domaine de la bande dessinée. Après la sortie du numéro zéro “Collector”, lors de la seconde édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda), Bendir, le magazine de bande dessinée algérienne, est dès aujourd'hui disponible sur les étals. Ce fanzine, regroupant les grands noms du 9e art algérien (comme Slim, Aïder, Haroun ou Gyps) ainsi que les meilleurs espoirs (à l'exemple de Togui, Nime, L-Nawel, Islem et Natsu), s'articule autour de rubriques passionnantes où se mêlent humour et sérieux, avec des calembours, des jeux de mots, des infos pratiques et des planches. Beaucoup de planches et différentes techniques. Le meilleur de ce qui se fait actuellement. Dans l'édito, l'équipe de Bendir écrit : “Ce numéro encore expérimental voulait prouver qu'à côté des grands anciens de l'école de la BD algérienne qui a connu ses heures de noblesse, de jeunes ne demandaient qu'à s'exprimer, apportant leurs références, leur vécu, leur style.” Bendir s'organise autour de plusieurs rubriques, notamment l'actualité de la BD algérienne et internationale, un reportage décalé et absurde intitulé “Djeha, l'autre Camus”, technique BD ou encore “BD toi-même !” qui consacre des portraits et des interviews à des jeunes créateurs. Pour ce premier numéro, c'est Salim Brahimi alias Sayan, créateur de la première revue de Manga algérienne, Laabstore, qui est à l'honneur. En exclusivité, “Haroun reprend la plume pour redonner vie au personnage de M'Quidèch” et Slim propose quelques planches de sa bande dessinée Alger au temps des Turcs. L'histoire de Bouzid El-Besbassi qui fait un saut dans le temps, pour revenir aux temps du règne ottoman en Algérie. Le coup de l'éventail est superbement rapporté sous le crayon ironique de Slim. Omar Zelig, auteur du petit bijou, Slim, le Gatt et Moi (éditions Dalimen) propose dans ce numéro un portrait de Wolinski. De passage par Alger en décembre dernier, suite à l'invitation du Centre culturel français d'Alger pour animer une conférence intitulée “Peut-on rire de tout ?” Omar Zelig a saisi cette opportunité pour lui faire un portrait touchant et intéressant. En outre, les planches (en arabe et en français) surprennent agréablement, puisqu'elles démontrent à la fois l'aptitude et la perspicacité des jeunes bédéistes. Serait-ce le retour de la BD ? Manifestement, l'avenir du 9e art en Algérie n'est pas derrière lui. Il s'écrit en lettres d'or grâce à une nouvelle génération de talents, alertes, influencés par les grandes écoles de la BD et très au fait de ce qui a été fait auparavant par les pionniers de cet art, souvent considéré comme mineur. Par cette “naissance”, le talent se conjugue au présent.