Laxisme Les réalités du marché local ne cessent d'interpeller les pouvoirs publics. En particulier, des substances cancérigènes ou à potentiel cancérigène entrant dans la composition de produits de large consommation sont commercialisés en Algérie. Sans que les institutions chargées de protéger la santé des citoyens ne s'en inquiètent. Pourtant, ce phénomène constitue un facteur de multiplication des cas de cancer en Algérie. Parmi les principaux canaux de transmission de cette insécurité commerciale, l'ampleur des produits non-conformes introduits sur le marché et la prédominance de l'informel dans les transactions commerciales, empêchant toute traçabilité des marchandises acquises par le consommateur. Face à une telle situation, l'information ne circule pas paradoxalement en direction des ménages pour prévenir la consommation de produits toxiques ou cancérigènes. Un gap favorisé par la quasi-absence des associations de défense des consommateurs sur le terrain. Au-delà des questions d'ordre de santé publique que soulève ce dossier, l'insécurité commerciale relève également de la gestion économique des deniers publics. En effet, l'absence de prévention et l'insuffisance de contrôles aux frontières ainsi que sur le marché intérieur ont un coût : l'aggravation des dépenses de santé, en particulier au regard des pressions exercées à la hausse de la facture médicaments. Le dossier interpelle également sur le mode de consommation des Algériens. Chawarmas, surconsommation de frites, de pizzas-ketchup, de sodas, bref une alimentation à contre-courant de la tendance à la culture bio, en lieu et place d'un régime fondé sur les légumes et fruits, avec présence de l'huile d'olive sur la table. La globalisation touche ainsi également à notre assiette. Comme de nombreux pays, nous avons importé des Etats-Unis le régime fast- food tant décrié par les nutritionnistes. Cette tendance est favorisée, il convient de le reconnaître, par la faiblesse des revenus chez la majorité des citoyens et un nouveau mode de vie à rythme plus accéléré. Quant aux outils, l'Etat algérien en dépit des mesures pour resserrer le contrôle aux importations dispose toujours de moyens insuffisants. Car peu d'argent dans les deux plans quinquennaux y a été injecté dans ce domaine. Cela explique pourquoi nous n'avons pas d'agence de sécurité alimentaire, pas de laboratoires suffisamment équipés pour déceler les tricheries sur la conformité des produits, pas de moyens humains en nombre et en qualité susceptibles de mener les enquêtes ou recherches approfondies, pas suffisamment de normes nationales. Faute, soulignons-le, d'une véritable volonté politique. D'où un marché livré aux manœuvres spéculatives, à la désorganisation des circuits de distribution à l'invasion de biens dangereux pour la santé des consommateurs. L'Etat est de nouveau appelé à agir. Car jusqu'à quand peut-on tolérer un tel laxisme dont les conséquences néfastes peuvent aller jusqu'à l'atteinte à la vie de nos concitoyens ? K. R. LIRE TOUT LE DOSSIER EN CLIQUANT ICI