Liberté : Que pensez-vous de ces déballages concernant Sonatrach dont se fait l'écho la presse ? M. Lakhdar Badredine : On est informé à travers la presse sur des affaires de malversation touchant la Sonatrach. Mais, nous n'avons pas de données sur la gestion de ses finances. Cela pour une raison simple : les données concernant la gestion financière de Sonatrach ne sont pas accessibles à tout le monde. Par conséquent, nous n'avons pas le droit de donner des positions sur des données que nous ne maîtrisons pas. Cependant, nous suivons ces informations et nous essayons de vérifier leur véracité. Ce n'est pas la première fois que des tentatives de malversation concernent Sonatrach… J'ai effectivement parlé des 73 milliards de centimes dépensés par la Sonatrach comme budget de la communication pendant l'exercice 2002. C'est vraiment excessif ! Certaines associations qui soutiennent la loi sur les hydrocarbures ont bénéficié de sponsors. Il y a eu également le sponsor et la prise en charge des forums, des séminaires et de toutes les rencontres qui ont eu à traiter de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures. Y compris de la rencontre de Constantine. Vous parlez de la rencontre organisée par la coordination de soutien au président de la République ? Oui. Mais, ne pensez-vous pas qu'il y a eu abus, en ce sens que ces associations de soutien au Président ont utilisé l'argent de la Sonatrach pour tenir leur réunion ? Non. C'est le ministre de l'Energie et des Mines qui a utilisé ces associations pour organiser des forums sur la loi sur les hydrocarbures dans l'objectif de la faire passer à tout prix. Mais par rapport au sponsoring des clubs sportifs, ne pensez-vous pas qu'il y a abus ? Ce n'est pas la première fois qu'il y a ce genre de sponsoring. De plus, quand il y avait au départ le groupe Khalifa, c'était lui qui finançait les clubs sportifs. Après sa chute, c'est Sonatrach qui a pris le relais. Mais, il y a des arrière-pensées électoralistes dans certains sponsorings… Dans ce cas, il n'y a pas de sponsoring à visées politiques. Mais, moi, je me place en faux contre toute subvention qui a des arrière-pensées politiques ou électoralistes. Mais pouvez-vous demeurer dans la position de spectateurs seulement ? Nous attendons à ce que les responsables du ministère de l'Energie et des Mines réagissent à ce propos et apportent des clarifications. Dans ce cadre, si ces informations sont vraies, elles seront en tout cas d'une extrême gravité. Mais il faut dire que c'est vraiment très inquiétant de voir les fonds de Sonatrach dépensés de la façon dont la presse les présente. Mon souhait est que les personnes concernées réagissent le plus rapidement possible pour rétablir la vérité. Car, s'il n'y a pas de réaction, les soupçons deviendront vérités. L'UGTA compte-t-elle saisir la justice à propos de ces affaires de malversation qui touchent la Sonatrach ? Ce n'est pas de nos prérogatives. Nous avons pour mission principale la défense des intérêts moraux et matériels des travailleurs. Les deniers publics ne sont pas de notre responsabilité. Ils sont d'abord de la responsabilité de l'Etat et des ministères concernés. Que chacun assume ses responsabilités. Et lorsque ces informations seront vérifiées, on souhaite que l'Etat prendra ses responsabilités et ira aux tribunaux. Allez-vous saisir le gouvernement sur ces affaires ? Ce n'est pas la Centrale syndicale qui a la responsabilité de veiller à la bonne utilisation des deniers publics. C'est la responsabilité de la présidence de la République, du ministère de la Justice et de celui des Finances. De plus, le Sénat ainsi que l'Assemblée nationale peuvent interpeller les ministres concernés par cette affaire. N. M.