Le scandale financier qui a éclaboussé Sonatrach a affecté « bien sûr » l'image de marque de l'Algérie à l'étranger, a reconnu hier Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines. S 'exprimant sur les ondes de la Radio nationale, M. Khelil a reconnu publiquement ce qu'il n'a pas cessé d'éluder depuis plusieurs semaines. « Bien sûr, elle (l'affaire, ndlr) a porté atteinte à l'image de l'Algérie, en quelque sorte, puisque Sonatrach est le moteur qui assure les revenus du pays », a-t-il lâché. C'est la première fois que le ministre de l'Energie et des Mines reconnaît que l'image de l'Algérie est éclaboussée par ce scandale. Ces déclarations viennent surtout désavouer les propos rassurants tenus par Abdelhafid Feghouli, PDG par intérim du groupe pétrolier public. Ce dernier se plaisait à dire le contraire, le 24 février, sur les ondes de la radio. En janvier dernier, le PDG et plusieurs cadres du groupe Sonatrach, qui emploie 125 000 personnes, ont démissionné après avoir été inculpés dans le cadre d'une affaire de malversations présumées. Plusieurs chefs d'inculpation ont été retenus contre eux, dont le plus lourd est l'association de malfaiteurs. L'ébruitement du scandale par la presse nationale avait fait l'effet d'une bombe. Logique, d'autant plus que la compagnie nationale, 1er groupe pétrolier en Afrique et 12e au rang mondial, assure les revenus de l'Algérie avec un chiffre d'affaires annuel de 80 milliards de dollars. Aussitôt révélée, l'affaire Sonatrach suscite les appréhensions chez les partenaires traditionnels de l'Algérie. La revue Pétrole et Gaz a souligné dans son dernier numéro que « cette affaire a pris des proportions énormes, en Algérie bien sûr, mais aussi à l'étranger, compte tenu du poids de Sonatrach et du pays sur les marchés pétroliers et gaziers internationaux ». Des experts et des économistes ont abondé dans le même sens, en exprimant leur crainte quant à l'avenir des projets du groupe. Acculé à cette date, le ministre tentait d'organiser sa défense, en plaidant au début l'ignorance de ce qui se tramait dans « sa maison ». « Je suis au même niveau d'information (que la presse). Je n'ai été informé par aucune institution. Je suis surpris comme vous », avait-il affirmé en février dernier lors d'une conférence de presse. Pressé souvent par la presse, M. Khelil élude soit les questions ou tente de diaboliser ces journalistes désireux d'en savoir un peu plus. Tout le monde attendait de le voir claquer la porte. Peine perdue. Le ministre, fidèle parmi les fidèles du silencieux Bouteflika, sillonne l'Algérie en multipliant les annonces. Hier encore, C. Khelil persistait à dire que la gestion de Sonatrach n'est pas remise en cause. Pour lui, les malversations présumées ne sont que des erreurs. « Je pense que la gestion de Sonatrach est aussi bonne qu'auparavant. J'ai toujours dit que les cadres de Sonatrach sont très valables et professionnels. On ne peut pas remettre en cause cette question parce qu'il y a eu une ou des erreurs de la part de quelques-uns », tente-t-il de rassurer. Il a annoncé par ailleurs la révision de certaines procédures relatives aux appels d'offres afin de garantir davantage de transparence dans l'acte de gestion. « La question qui reste posée est d'améliorer ces procédures pour éviter aux gens qui les appliquent des risques et des interprétations. Le travail est en cours avec d'autres ministères pour aménager ces procédures », conclut-il.