L'école s'implique pour lutter contre les sinistres routiers avec, en amont, la formation au module de la prévention routière et, en aval, l'enseignement des élèves de tous les paliers, à commencer par la crèche et le préscolaire, en passant par le primaire et le moyen, jusqu'au secondaire. Et c'est la prestigieuse Ecole normale supérieure (ENS) de Bouzaréah (Alger), par ailleurs véritable force de propositions, qui prendra en charge toutes les recommandations soumises au ministère de tutelle pour intégrer cette matière dans la formation des instituteurs qui répercuteront, à leur tour, cette discipline aux 8 millions d'élèves que compte l'école algérienne. Avant-hier, lors d'un séminaire placé sous le slogan “La pédagogie au service de la prévention routière”, une rencontre organisée conjointement par les Scouts algériens et l'ENS, avec la participation de la Gendarmerie nationale, de la DGSN et de la Protection civile, les quelque 60 participants ont souligné unanimement que seule l'école permettra d'éduquer l'élément humain, à l'origine de près de 90% des décès dus aux accidents de la circulation. “L'éducation au code de la route a toujours été une équation absente des programmes de formation des enseignants. Cette rencontre aura le mérite d'intégrer définitivement cette matière comme instrument de l'instruction civique”, soulignera le directeur de l'ENS, M. Kolli. Une affirmation soutenue par le commandant des Scouts, M. Ben Braham, qui citera un cas douloureux, celui d'une de ses collaboratrices qui a perdu, la veille du séminaire, quatre membres de sa famille sur la route. Le lieutenant-colonel de la gendarmerie M. Bellouti enchaînera pour faire part d'une information de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), selon laquelle les accidents de la route sont classés en troisième position pour être à l'origine du nombre élevé de décès sur la planète. De son côté, M. Hariti, du Centre national de la prévention et de la sécurité routière, préconise la multiplication de ce genre de campagnes pour arriver à des objectifs bien précis et juguler, par voie de conséquence, ce fléau. M. Filali, de la sûreté de wilaya d'Alger, relèvera, en revanche, la nécessité de s'attaquer directement à l'élément humain. Aux yeux de M. Filali, “celui qui ne respecte pas la loi ne peut en aucun cas respecter le code de la route. Tout le problème réside dans le comportement de l'humain”. Selon le chargé d'études à l'ENS et enseignant universitaire, M. Benzerga, cette rencontre sera sanctionnée par une série de recommandations. La principale étant d'intégrer l'éducation au code de la route dans l'instruction civique. Notre interlocuteur a estimé qu'il est temps de s'attaquer à la vraie cause des sinistres routiers, l'homme. Ce programme sera soumis ensuite aux différentes commissions pédagogiques au ministère de tutelle afin de marquer une avancée et d'arrêter les programmes inhérents à son enseignement. De la chanson, de la bande dessinée, du théâtre, de la poésie, des rencontres de sensibilisation, des expositions, de la photographie et, passons, tous les outils pédagogiques seront mis à contribution pour que l'école inculque cette matière et éduque l'élément humain au civisme.