Daoud était un septuagénaire décharné et ravagé par la vieillesse. Il vivait au crochet d'une tribu de nomades composée se sept familles. Un jour, la tribu s'ébranla pour aller vivre ailleurs. Afin que Daoud ne crève pas la dalle, chaque famille avait enfoui une galette de pain sous les cendres de l'âtre. Tenant à peine sur ses jambes, le vieux nomade ramena les sept galettes. Au même moment surgit un ogre qui hurla ; “Que fais-tu vieille carcasse ?” D'un air tranquille, le vieux répondit : “Je m'apprête à déjeuner de sept galettes.” L'ogre qui avait en tête de dévorer le septuagénaire se ravisa. Il se dit qu'un homme capable d'engloutir sept galettes ne serait pas une proie facile et ordonna : “Vas-y, montres-moi comment tu fais !” Le nomade ouvrit la bouche, saisit une galette et l'enfouit rapidement dans le col de sa gandoura faisant mine de mâcher. Les sept galettes disparurent l'une après l'autre devant l'ogre qui, consterné, n'osa pas toucher à un seul cheveux du vieux nomade qui, pensait-il, avait une force herculéenne. Pour se débarrasser de lui, il fomenta un coup. Il organisa une fête et invita ses 30 redoutables cousins qui vivaient dans la montagne. Ensemble, ils montèrent un plan. Dès que le vieux serait endormi, chacun lui assénerait une pluie de coups de bâton. Rusé, le vieux avait flairé le coup foireux. Il se réveilla en pleine nuit, emplit un sac de cailloux et le mit sur sa couche. Caché derrière la maison, il guetta les 30 ogres qui ne tardèrent pas à surgir armés de gourdins. Tour à tour, ils donnèrent de violents coups sur la couchette, persuadés qu'il avaient réduit le vieux en miettes, ils tournèrent les talons. Le vieux nomade se recoucha tranquillement. Le matin, l'ogre se réveilla tout content à l'idée de s'être débarrassé de Daoud. Mais en le voyant s'étirer paresseusement, il faillit tourner de l'œil. “Cette nuit, j'ai rêvé qu'on m'avait massé le dos, dit le nomade. J'ai une pèche d'enfer.” Persuadé d'avoir affaire à un être surnaturel, l'ogre pris ses jambes à son cou, abandonnant sa maison et ses richesses derrière lui. Ainsi, Daoud, le vieux rusé, en profitait pour finir ses jours dans l'opulence. NADIA AREZKI [email protected]