“une chance à saisir” pour certains, “une affaire à gagner” pour d'autres, mais l'objectif principal reste le même. Les opérateurs algériens parlent d'une même voix. Au-delà du matériel, ils veulent le savoir-faire italien. Ces derniers sont OK. Alors que les opérateurs italiens semblent de plus en plus manifester un intérêt certain pour l'industrie de l'huile d'olive et du lait en Algérie, leurs homologues algériens posent les conditions de la coopération. Pour le secrétaire général de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), El Mahfoudh Megateli, “la délégation algérienne a voulu aller vers le partenaire italien parce que nous avons senti que les Italiens ont aujourd'hui la volonté de transférer le savoir-faire”, avant de souhaiter que cette “volonté puisse se traduire dans les faits”. S'il n'est plus question de considérer le marché algérien comme uniquement un débouché pour les produits étrangers, une sorte de grande surface commerciale, les opérateurs algériens ne veulent plus se contenter de simples opérations d'achat de matériel et demandent que toute transaction soit désormais accompagnée par le transfert technologique et du savoir-faire. Cette revendication longtemps exprimée par le gouvernement est aujourd'hui prise en charge par les opérateurs eux-mêmes. Les Italiens sont a priori d'accord. Lors d'une visite d'une importante délégation algérienne composée d'opérateurs privés activant dans le secteur de l'huile d'olive et du lait, accompagnée de deux responsables représentants du ministère de l'Agriculture à l'invitation du bureau d'Alger de l'Institut du commerce extérieur italien (ICE) dirigé par Samuel Porcia, beaucoup a été dit sur la coopération agricole entre les deux pays. L'intérêt est mutuel, du moins dans le développement de l'industrie de l'huile d'olive. En effet, si les Algériens veulent acquérir le savoir-faire italien dans ce domaine qui connaît une très grande avancée en Italie qui est un pays producteur mais aussi importateur de ce produit, les opérateurs italiens sont aussi très intéressés par cette perspective de coopération avec l'Algérie. Et le directeur de l'ICE de la région de l'Ombrie, Massimiliano Tremiterra ne le cache pas : “Il est possible que l'Italie achète de l'huile algérienne qui sera produite dans des usines mises à niveau par les experts italiens”, a-t-il déclaré en marge de la conférence de presse conjointe organisée lundi à l'université de Pérouse en compagnie de Luigi Rossetti, responsable du service internationalisation des entreprises de la région de l'Ombrie, du représentant du ministère algérien de l'Agriculture, Alim Mourad ainsi que du SG de la CGEA. Les Italiens qui se voient concurrencés sur ce marché en Algérie par d'autres pays européens misent d'ores et déjà sur plusieurs producteurs locaux. En accompagnant les industriels de l'huile d'olive à travers le transfert technologique, les Italiens visent deux objectifs, le premier est d'abord politique. Il s'agit de répondre favorablement à une condition du gouvernement algérien sur le transfert du savoir-faire dans l'investissement. Le second est économique et vise un principe “gagnant-gagnant”. L'Italie étant un grand importateur d'huile d'olive considère qu'il sera désormais possible d'importer l'huile d'olive d'Algérie après le renforcement d'entreprises par des machines modernes et par la technologie tant il est vrai que la production de l'huile d'olive dans le pays continue encore de fonctionner avec des méthodes traditionnelles. Pour le représentant du ministère algérien de l'Agriculture : “Cette rencontre devrait permettre de développer deux projets mis en œuvre en Algérie notamment la plantation d'un million d'hectares dans le cadre du plan quinquennal. Le projet est faramineux et nous avons besoin de la connaissance et du savoir-faire italiens dans ce domaine.” Concernant le lait, M. Alim a espéré “qu'avec la coopération italienne se développera cette filière” d'autant que le déficit à combler demeure encore très important. Sur une consommation de trois milliards de litres par an, la production nationale ne couvre que 1,3 milliard de litres. Ce qui est considérable même si les producteurs se plaignent de la désorganisation de la filière et de l'absence de solutions concrètes de la part des pouvoirs publics en Algérie. “Pour ce faire, il va falloir apporter la technologie utilisée dans la région de l'Ombrie”, a encore ajouté M. Alim. De son côté, M. Abdouche, également représentant du département de Benaïssa a déclaré que “nous accompagnons les opérateurs algériens en leur offrant une couverture afin de sécuriser les relations, pour le reste, ils sont libres de négocier ce qu'ils considèrent être avantageux pour leur activité” Pour le SG de la CGEA, “c'est une chance à saisir et il s'agit de capitaliser le savoir-faire afin de développer la filière et devenir plus tard autonome”. À l'issue de la conférence, M. Luigi Rossetti a offert une distinction à M. Alim en signe des bonnes perspectives qui se dessinent dans la coopération algéro-italienne. La délégation algérienne a ensuite entendu à la faculté agronomique, une communication sur les technologies de développement des deux filières en question par les professeurs qui sont considérés experts en la matière en l'occurrence Maurizio Servili et Mariano Pauselli. Des visites, l'une dans une pépinière et l'autre à l'agence régionale pour l'innovation et le transfert technologique, qui est un organisme de certification du produit et un laboratoire d'analyse agroalimentaire. Les opérateurs algériens qui ont manifesté leur intérêt dans les méthodes de développement oléicole italien en termes de gain de temps et de production espèrent que cette mission aboutira à des accords concrets.