Un couple de médecins et leur fille âgée de 29 ans ont choisi Liberté pour raconter leur calvaire et l'horreur vécus, samedi dernier en plein jour, sur l'autoroute entre Boudouaou et Réghaïa. Reportage. Agressés, sortis de force de leur voiture puis dépouillés de tous leurs biens, bijoux, argent, devises, portables, documents, par un voyou armé d'un grand couteau, et ce, à quelques centaines de mètres du barrage fixe de la gendarmerie sur l'autoroute à Reghaïa. Le voleur s'empare de 10,5 millions de centimes, 450 euros, une parure et une gourmette d'une valeur de 25 millions de centimes, de deux cartes bancaires, de deux portables et d'importants documents. Deux autres familles qui se trouvaient à quelques mètres ont vécu le même supplice. Une femme enceinte de 5 mois a été tirée de force de sa voiture, une Renault Partner. Elle sera traînée par terre avant d'être délestée de son sac par l'agresseur pendant que son mari avait un couteau sous la gorge porté par un autre malfaiteur plus jeune. Le témoignage de Hassina, médecin à Boumerdès, encore sous le choc, et Saïd, son mari dentiste, est digne des films d'horreur américains. Il est 11h30 en cette journée ensoleillée du samedi 20 mars. Le couple et leur fille se trouvaient dans leur Spark et se dirigeaient vers Alger pour acheter des vêtements en vue du mariage de leur fille. Arrivés à haouch El-Makhfi, entre Boudouaou et Réghaïa, ils se heurtent à l'embouteillage dit le “bouchon de Reghaïa” ou “le coupe-gorge de Reghaïa”, situé non loin du barrage fixe de la gendarmerie. Soudain, un homme âgé d'une trentaine d'années aux yeux bridés, armé d'un couteau à cran d'arrêt fait irruption et demande à Hassina de lui donner le sac qu'elle avait sur les genoux. Effrayée, elle tente de remonter la vitre pendant que sa fille assise sur le banc arrière s'est efforcée de verrouiller les portières. Mais l'agresseur parvient à arracher le sac des mains tremblantes de Hassina. L'agresseur s'éloigne tranquillement pour rejoindre ses acolytes, une dizaine de jeunes âgés entre 16 et 30 ans planqués sur un talus, à quelques mètres du lieu de l'agression. Le groupe se dirige alors vers la Partner où se trouvait la femme enceinte. Et là encore, ils font ce qu'ils veulent, raconte Saïd. “Ils sont allés jusqu'à arracher une des portières arrière du véhicule pendant que les quatre occupants, un couple et deux jeunes filles, sont pris en otages et terrorisés, c'est infernal, je pensais faire un cauchemar”, précise-t-il. “Le comble est que l'un des agresseurs s'est amusé à nous remettre, par le biais d'une de ses victimes (une femme), quelques documents notamment des photos trouvés dans mon sac”, dénonce Hassina hébétée. Les autres documents, notamment les deux cartes bancaires, probablement jetées par les agresseurs, leur seront remis par la brigade de gendarmerie d'Ouled Heddadj où ils s'étaient présentés le jour même pour déposer une plainte. “Par notre témoignage, nous voulons alerter les autorités et les citoyens, nous ne voulons pas que d'autres vivent le même calvaire”, affirme le couple de médecins. Ainsi, malgré le dispositif mis en place par la gendarmerie au niveau de ce tronçon de la mort, le scénario des semaines et des mois précédents s'est répété encore une fois, quasiment à l'identique. “Les pirates de la route” de Dallas, surnom donné au bidonville-bourg jouxtant les lieux, continue à semer la terreur.