Après avoir proposé de scinder le Nigeria en deux Etats pour mettre fin aux violences religieuses, le numéro un libyen Mouammar Kadhafi a suggéré une partition ethnique en plusieurs Etats, sur le modèle de l'ex-Yougoslavie, dans une déclaration à l'agence Jana publiée hier. Kadhafi réagissait aux virulentes critiques du gouvernement nigérian qui a, selon Jana, accusé Kadhafi d'“ignorer la réalité du Nigeria” en proposant de le diviser en deux. “Effectivement, le problème du Nigeria ne peut pas être résolu en divisant (ce pays) en deux Etats, chrétien et musulman”, a indiqué le colonel Kadhafi, estimant que ce pays comptait d'“autres peuples qui réclament leur indépendance sans considération religieuse”. Pour lui, le Nigeria n'est pas composé seulement de deux communautés, musulmanes et chrétiennes, mais aussi de plusieurs ethnies, citant notamment “le peuple du Yoruba à l'est et au sud qui réclame l'indépendance, le peuple Ibo à l'ouest et au sud”, ainsi que les Ijaws. “Le modèle qui conviendrait le mieux au Nigeria, qui est composé de plusieurs peuples, est celui de la Fédération yougoslave”, qui a éclaté en six pays, en plus du Kosovo dont l'indépendance n'est pas unanimement reconnue, a estimé le numéro un libyen, après avoir proposé le 16 mars le modèle de partition ayant donné naissance en 1947 au Pakistan, qui s'est détaché de l'Inde. Cette proposition avait suscité l'ire du Nigeria qui a rappelé son ambassadeur à Tripoli pour consultations. “Les propos sensibles et souvent irresponsables du colonel Kadhafi, ses attitudes théâtrales et sa grandiloquence chaque fois qu'il en a l'occasion sont trop nombreuses pour être énumérées”, avait indiqué le ministère nigérian des Affaires étrangères. Le président du Sénat nigérian David Mark l'avait qualifié de “fou”. Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec environ 150 millions d'habitants, a vécu début mars des violences communautaires meurtrières dans l'Etat du Plateau (Centre). Le pays est divisé pratiquement au Centre entre le Nord musulman et le Sud chrétien et animiste. L'Etat du Plateau avec sa capitale Jos constitue la ligne de démarcation entre le Nord et le Sud.