Les embouteillages sur les axes routiers et dans les villes continuent d'empoisonner la vie des citoyens. On met plus de trois heures pour aller de Boumerdès à Alger et plus de cinq heures si l'on veut gagner la capitale à partir de Tizi Ouzou. La circulation est devenue tellement lente entre Boudouaou et Rouiba que des commerces improvisés se sont installés au bord des routes. Des marchands de thé et de cacahuètes et même des restaurateurs profitent des embouteillages pour vendre leurs marchandises à des automobilistes et des camionneurs fatigués et stressés. Des jeunes et parfois des enfants n'hésitent pas à se balader paisiblement au milieu des véhicules pour proposer leurs produits. Certains escaladent les cabines des gros camions pour négocier en toute tranquillité avec les chauffeurs. Les bambins tout comme leurs clients ont tout leur temps pour marchander. C'est comme dans la ville ou le quartier. Les embouteillages ne font pas que des malheureux. La rumeur parle même d'un jeune automobiliste qui a demandé une fille en mariage. L'affaire entre les deux familles aurait été réglée en plein embouteillage entre Boudouaou et Reghaïa. Mais il n'y a pas que les vendeurs de thé et de cigarettes, encore moins de jeune mariée au niveau de ce tronçon. Il y a aussi les bandits de grands chemins. Comme ces pirates de la route qui ont terrorisé et volé la semaine dernière de nombreux automobilistes, surtout des femmes, non loin d'un barrage fixe de la gendarmerie, et cela en pleine journée. En plus des barrages fixes de la gendarmerie et de la police qui ralentissent la circulation, certains services comme ceux de la DTP ou ceux des communes s'adonnent, eux aussi, à leur manière de jouer sur les nerfs des automobilistes en choisissant la journée pour bitumer les routes, aménager des glissières ou changer les lampes défectueuses. Des travaux qui accentuent l'asphyxie et fait monter la tension chez les usagers de la route. Les cortèges officiels qui empruntent ces axes enveniment davantage la situation. Même les ambulances éprouvent des difficultés à se faufiler entre les véhicules collés les uns aux autres. Parfois, ce sont les cortèges de véhicules militaires en mission sécuritaire qui sont pris au piège dans ces embouteillages monstres. De quoi donner le vertige aux automobilistes, notamment les chauffeurs de taxi dont une grande partie a préféré changer de métier. Et dès qu'une nouvelle route est ouverte, un barrage est vite installé qui, à son tour, donne naissance à un autre embouteillage. C'est le cas du nouveau tronçon de l'autoroute de Hammadi ou la RN24 de Corso. Les rares touristes qui viennent à la capitale sont déboussolés. Ils viennent avec des notes de trajets relevées sur des guides touristiques ou sur Internet, mais sur le terrain, ils se trouvent avec d'autres trajets. Tizi Ouzou ne se trouve plus à 40 mn d'Alger, encore moins Boudouaou à 20 mn de la capitale. Mais combien de temps une telle situation va-t-elle durer, alors que la situation sécuritaire s'est nettement améliorée notamment ces deux dernières années ? C'est la question que nous avons posée à plusieurs hauts responsables de la gendarmerie et de la police qui ont tous préféré garder l'anonymat. Mais aucun n'a voulu s'engager davantage sur la question. La plupart disent que les instructions viennent d'en haut, d'autres affirment que la situation connaîtra un changement avec la réception des différents projets autoroutiers. Un responsable de la gendarmerie nous dira qu'il reste encore du travail à faire sur le plan sécuritaire, mais sans préciser le temps que cela prendra. “Il vaut mieux supporter un embouteillage qu'une bombe dans la capitale”, ajoutera-t-il.