La convention-cadre de lutte antitabac, (CCLAT) ratifiée par l'Algérie en mars 2006 a été centre des débats du forum international “Tabac et santé”, rehaussé par la présence des experts étrangers de renommée mondiale. La wilaya de Sétif est depuis lundi, la capitale de la lutte antitabac. L'association Ennour en étroite collaboration avec l'OMS (Organisation mondiale de la santé) a organisé le forum international “Tabac et santé”. “L'enjeu est grand et des actions massives afin de diminuer la prévalence tabac et protéger les fumeurs et les non-fumeurs sont nécessaires. Tout le monde doit s'impliquer dans cette dynamique afin de mettre en application la convention-cadre de lutte antitabac (CCLAT) ratifiée par l'Algérie en mars 2006”, nous a déclaré le Pr Hamdi Chérif, président de l'association Ennour qui voit que l'Algérie a franchi un grand pas pour la ratification de la CCLAT mais l'essentiel c'est la mise en application de cette convention car le tabagisme est devenu un véritable problème de santé publique. Pour bénéficier des expériences de plusieurs pays qui ont beaucoup réalisé dans le domaine de la lutte antitabac, la défense des droits des non-fumeurs, plusieurs experts et scientifiques des quatre coins du monde ont répondu à l'invitation de cette manifestation scientifique organisée sous l'égide du ministère de la Santé, de la Population et des Réformes hospitalières. Le tabac tue 15 000 personnes chaque année. La prévalence tabagique globale est estimée à 29%, dont 49% chez l'homme et 7% chez la femme. Avec en plus la consommation du narguilé, en croissance ces trois dernières années. Scientifiques et experts sont tous unanimes à l'application de la CCLAT le plutôt possible. En marge du forum, le Pr Yves Martinet, du service de pneumologie du CHU de Nancy, interrogé sur le véritable impact du tabagisme sur l'homme, il dira : “Quand on fume toute sa vie, on perd en moyenne 10 ans de vie confortable. C'est pour ça qu'on dit que le tabagisme est la première cause de mortalité précoce évitable. Actuellement, l'industrie du tabac vise les jeunes, voire les enfants. Nous devons nous mobiliser, tous, pour faire face à ce fléau devenu un véritable problème de santé publique. Il ne faut pas oublier qu'un fumeur sur deux meurt de son propre tabagisme.” Au sujet des les actions les plus efficaces pour faire face au tabagisme, le professeur expliquera que “dans l'alliance, nous estimons que la première mesure la plus efficace est l'augmentation du prix de la cigarette car nous avons fait l'expérience. En effet, le plan cancer adopté entre 2003 et 2006 a amené des augmentations considérables dans les prix du paquet de cigarettes, ce qui a provoqué une baisse significative du nombre de fumeurs en France. En effet, dès que les prix augmentent, les gens fument moins. La deuxième mesure efficace aussi est l'interdiction de fumer dans les lieux publics. Cette mesure a pour objectif de protéger les fumeurs et les non-fumeurs. Enfin, interdire les placements du produit (tabac) dans le cinéma et Internet tout en menant des opérations de sensibilisation des méfaits du tabac notamment dans les milieux des jeunes”. S'agissant des risques liés au tabagisme passif, le pneumologue du CHU de Nancy expliquera sans détour que “le danger est éminent et vérifiable. Pour l'illustration : si on est non-fumeur et on est exposé pendant sept heures par semaine à la fumée les risques d'infarctus du myocarde et d'accidents cardiovasculaire sont de 25%. Au-delà de 27 heures, et ce n'est pas beaucoup pour un employé dans un bistrot, le risque est de 60%. Cela se rapproche de quelqu'un qui fume activement. Après l'application de l'interdiction de fumer dans les lieux publics, on a une chute d'environ 7% des admissions pour infarctus. C'est considérable”. En guise de conclusion, il estime que “l'interdiction de fumer doit être imposée par la population. C'est pour cela que le rôle des associations et des médias est énorme. Il faut arriver à ce que ce soit la population qui demande à être protégée et lui permettre de respirer”.