En matière de lutte contre le tabagisme, problème de santé publique responsable du décès de plus de 15 000 personnes chaque année, l'Algérie reste, qu'on le veuille ou non, à la traîne. Sentant le danger, nos voisins, les Tunisiens, ont décrété 2009 année de la lutte contre le tabagisme. Chez nous, la lutte contre ce fléau qui endeuille la société reste l'apanage des spécialistes et du mouvement associatif, lequel ne peut affronter à armes égales les fumeurs et l'industrie du tabac, infestée par une contrefaçon qui bat son plein. Ayant mesuré la gravité de la situation, nos voisins ont mis en place une commission multidisciplinaire qui a été chargée de la mise en œuvre d'un plan d'action qui nous fait défaut. D'autant plus que la convention cadre de l'organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac (CCLAT), signée en juin 2003 puis ratifiée en 2006, demeure 4 années après, de l'encre sur du papier. Ce point est le clou du forum international « Santé et Tabac » qui se déroule à Sétif depuis hier. Pour rappel, cette convention est le premier traité global de santé publique. Entrée en vigueur le 27 février 2005, la CCLAT exige des pays qui l'ont ratifiée qu'ils mettent en place des mesures scientifiquement prouvées pour réduire le tabagisme et le fardeau considérable qu'il constitue en termes sanitaire, humain et financier. Si elle était efficacement mise en application, la CCLAT marquerait un tournant fondamental dans la réduction du tabagisme et de ses conséquences désastreuses dans le monde. A ce jour, 168 pays ont signé le traité et 162 l'ont ratifié. L'objectif de la CCLAT est de « protéger les générations présentes et futures des conséquences sanitaires, sociales, environnementales et économiques dévastatrices générées par la consommation de tabac et l'exposition à la fumée de tabac en offrant un cadre pour les mesures de lutte antitabac que les parties devront mettre en place aux échelons national, régional, et international ». Le traité engage les pays à interdire ou restreindre la publicité en faveur du tabac, la promotion et le parrainage de ce dernier, à apposer des mises en garde sanitaires graphiques de grande taille sur les paquets de cigarettes, interdire l'utilisation de termes fallacieux et trompeurs tels que « légères » et « à faible teneur en goudron », et mettre en œuvre des mesures visant à protéger les non-fumeurs du tabagisme passif. Entre autres mesures dissuasives : augmenter les prix des produits du tabac, en particulier au moyen de taxes, éliminer son commerce illicite, réglementer la composition de ces produits, et exiger la communication au public de leurs constituants, proposer des programmes d'aide au sevrage et de traitement de la dépendance au tabac et, enfin, en interdire la vente. Hélas, nos lieux publics (restaurants, café, écoles, administrations, aéroports, jardins et autres) sont toujours, et impunément, « colonisés » par les fumeurs dont personnes ne s'offusque.