De nombreux spécialistes ont plaidé pour le renforcement du programme de vaccination national par l'introduction de nouveaux vaccins, destinés à enrayer des maladies émergentes dans le pays, comme le cancer du col de l'utérus ou encore le pneumocoque et le rotavirus qui menacent particulièrement les enfants de moins de cinq ans. Le Pr K. Bouzid, chef de service oncologie au CPMC, a affirmé, hier lors du 6e forum national de l'omnipraticien que le cancer du sein représente environ 38% de l'ensemble des formes de cancers dépistés en Algérie. Ainsi, quelque 9 000 cas ont été enregistrés en 2009, dont 13% en état métastasique. Le coût du traitement est de 25 000 euros par malade et par an, a-t-il indiqué en soulignant l'intérêt du dépistage précoce qui réduit les charges financières inhérentes à la prise en charge thérapeutique, mais surtout augmente les chances de guérison. Il a regretté, néanmoins, un programme de dépistage insignifiant et la rareté des structures spécialisées. Sans transition, il a insisté sur la nécessité de vacciner les jeunes filles nubiles contre les types du HPV (Human Papillomavirus), responsables du cancer du col utérin. Il a indiqué que ce cancer cause la mort de 50% des femmes, chez lesquelles il est découvert souvent trop tard. Le Pr Bouzekrini, chef de service gynécologie obstétrique du CHU Parnet, a jugé “scandaleux que les pays voisins, le Maroc et la Tunisie, ont introduit ce vaccin, mais pas l'Algérie qui dispose de ressources financières plus importantes”. Le Pr Z. Sadi, de la maternité du CHU Mustapha, a attesté que le dépistage et le traitement des lésions précancéreuses et la vaccination prophylactique sont la meilleure prévention contre le cancer du col utérin. Elle a précisé que 8 femmes sur 10, sexuellement actives, seront infectées par le HPV durant leur vie. “80% d'entre elles élimineront spontanément l'infection au bout de 18 mois.” Il faudra penser toutefois aux 20% qui présentent le risque de développer la maladie, classée parmi les cinq cancers féminins les plus répandus. L'OMS recommande vivement la vaccination anti-HPV, particulièrement dans les pays où le dépistage est faible. Des réunions de consensus ont été organisées plusieurs fois au niveau du ministère de tutelle sur cette problématique. Des avis favorables ont été exprimés à propos, mais sans qu'une décision ferme ne soit prise. Pourtant, il est établi que le prix du produit a considérablement baissé, depuis la diffusion de la recommandation de l'OMS. Le Dr Nadjia Ramdani, microbiologiste, a parlé du germe pneumocoque, particulièrement meurtrier pour les enfants âgés de moins de cinq ans. La prévalence des décès serait de 10 à 100 pour 100 000 gosses situés dans cette tranche d'âge. Le premier pic grave apparaît chez le nourrisson de 4 et 6 mois, d'où “la nécessité de vacciner avant cet âge”. Elle a complété que ces infections sont difficiles à traiter en raison de leur résistance aux antibiotiques. Il s'avère que les vaccins contre le pneumocoque, au même titre que celui contre la méningite, le rotavirus et le cancer du col de l'utérus n'existent pas en Algérie. L'objectif des spécialistes est de sensibiliser les autorités compétentes de les budgétiser afin de les introduire dans le pays. Justement, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, qui a assisté à l'ouverture des travaux du forum, a déclaré qu'il est réellement utile, eu égard à la transition épidémiologique que traverse le pays, d'investir davantage dans la prévention, soit à travers une bonne hygiène de vie ou l'introduction de nouveaux vaccins. Il a affirmé que l'Etat consent de gros efforts financiers dans la construction d'établissements hospitaliers, mais bute sur un grand déficit en professionnels de la santé, d'où l'idée de réformer le système de formation médicale de base.