En 1992, en ratifiant la Convention de Rio, l'Algérie s'est engagée à lutter contre la destruction et l'érosion de la biodiversité biologique, surtout dans les deux grands sites classés patrimoine international du Tassili et de l'Ahaggar. L'érosion de la biodiversité est classée comme dommage d'environnement global au même titre que les pluies acides ou la diminution de la couche d'ozone ou l'accroissement de l'effet de serre ou les changements climatiques. Ces phénomènes climatiques sont reconnus comme tels depuis les années 1980. Avec la ratification de cette convention, l'Algérie fait partie de ces pays qui partagent des soucis identiques d'établissement d'un nouvel ordre écologique mondial fondé sur l'harmonisation et l'uniformisation des instruments politiques. En 2005, plus précisément au mois de septembre, l'Algérie entamait un projet d'envergure de préservation et de protection de la biodiversité. Selon les spécialistes, ce projet est le deuxième chantier dans le genre à l'échelle mondiale et le premier à l'échelle africaine. Ce projet, n° 00034575, portant sur la préservation et l'utilisation durable de la diversité biologique d'intérêt mondial, concerne les parcs nationaux de l'Ahaggar et du Tassili. Un projet qui est sous la tutelle du ministère de la Culture avec l'implication d'autres départements, tels que l'Environnement et les Affaires étrangères. Il est composé de deux phases. La première vient juste de s'achever et la deuxième sera bientôt entamée. Formation et préparation Initialement prévue pour une durée de trois ans, cette phase aura pris plus de temps que prévu. Ce n'est que cinq ans après qu'elle est achevée. À cet effet, du 22 au 25 mars dernier, des journées d'information ont été organisées afin de rendre compte et de faire un bilan. Des conférences pointues et techniques ont été données. En fait, cette phase consistait à renforcer les mécanismes et les outils de gestion de la biodiversité dans différents domaines, à savoir juridique, institutionnel, management collaboratif, écotourisme, information, éducation, communication et développement local. Pour ce faire, il y a eu formation du personnel. Laquelle formation est considérée, par les experts, comme “un pas crucial tant pour la conception que pour la mise en œuvre de la conservation de la biodiversité”. Le but est de rassembler et de restituer toutes les informations nécessaires. 60% de l'effectif des deux parcs (Tassili 130 sur 400 et Ahaggar 32 sur 1 000) ont été ciblés par cette formation. Ils ont été divisés en quatre catégories : staff d'encadrement, brigadiers de conservation, agents de conservation et personnel administratif. Cette catégorisation est venue répondre aux textes du ministère de la Culture qui sont très clairs sur les fonctions de chaque catégorie. À rappeler que cette formation dépassait le cadre de transmission universitaire. Plutôt pratique que théorique, elle touchait divers domaines en relation avec la biodiversité, sa préservation et sa conservation. Toutefois, dit Bensaïd Sahraoui, expert du projet, “cette formation a été réalisée à hauteur de 85%. Juste quelques points, comme la visite de sites à l'étranger, n'ont pas été atteints”. Cette phase, lancée en septembre 2005, a eu un coût global avoisinant les six millions de dollars (3 540 620 dollars du Fonds de l'environnement mondial, 185 000 dollars du Pnud et 2 340 000 dollars du gouvernement algérien). Mise en œuvre du projet Cette seconde partie concerne la mise en œuvre opérationnelle dudit projet. “Quand on dit qu'on entame la deuxième phase, ça c'est sur le plan du mécanisme de prise en charge de ce projet. En fait, il y a un seul et même projet, il y a une cohérence dans la démarche d'un processus d'un même projet qui va nous permettre de mettre en place un protocole de gestion et de suivi, disons de conservation de la biodiversité dans les parcs de l'Ahaggar et du Tassili”, dit Mourad Betrouni, directeur de la protection légale et de valorisation du patrimoine culturel. Et d'ajouter : “Cette deuxième phase est plus difficile puisqu'elle est opérationnelle et doit impliquer tous les acteurs et tous les secteurs de l'aménagement du territoire, du tourisme, de l'environnement, de la culture, de l'hydraulique… autour d'un plan de gestion de ce projet et pour arriver au final à mettre en place dans la durée un instrument et une stratégie justement de gestion de ces espaces.” Par ailleurs, cette seconde phase permettra, selon M. Betrouni, d'approfondir les concepts et d'exploiter “des pédagogies, parce que c'est un problème d'appropriation de ce protocole par les populations. Il faut que les populations participent et prennent en charge justement ce protocole de gestion et de conservation de la biodiversité. C'est à ce niveau, qui n'est pas vraiment un niveau de discipline, de spécialité, mais un niveau d'interdisciplinarité, c'est-à-dire qu'il faudrait avoir une vision synthétique et large de tous les aspects de la participation, de l'intervention, de la gestion, de la communication, de la formation”. Et d'expliquer que “cette deuxième phase va nous permettre de travailler ensemble, d'apprendre à travailler en équipe et en concertation à deux niveaux : à un niveau institutionnel, c'est-à-dire dans le cadre des wilayas et aussi au niveau des parcs du Tassili et de l'Ahaggar, pour être en phase par rapport à des programmes de développement qui sont engagés par le gouvernement et par rapport à des programmes de préservation et conservation qui sont portés par les deux Offices des parcs du Tassili et de l'Ahaggar”. Par ailleurs et concernant la durée de cette phase, M. Betrouni dit qu'elle était prévue pour cinq ans, “mais je pense que cette durée va être augmentée. On a fait une évaluation du processus qui ne peut être mis en place d'une manière réelle, qu'il peut s'inscrire dans la durée au bout d'une échéance de sept ans, donc plus de deux ans”. “C'est une échelle de temps requise qui va nous permettre, si l'on travaille bien, de sortir avec des moyens et des possibilités de gestion de la biodiversité du patrimoine culturel et naturel dans son ensemble”, a-t-il ajouté. La phase II du projet est éligible à un financement du FEM de 5 387 142 dollars. Les experts sont confiants, vu que la première phase a été concluante. Même le représentant résident du Pnud en Algérie, Mamadou Mbaye, est du même avis, louant le travail et les efforts fournis par le gouvernement algérien pour la préservation de la biodiversité dans les deux parcs du Tassili et de l'Ahaggar.