La phytothérapie est de plus en plus populaire. Il y a comme un retour dans le traitement de différents troubles métaboliques vers les recettes de grands-mères. Il n'en demeure pas moins que les prescriptions demeurent faibles et émanent surtout de pédiatres et de généralistes. Les produits phyto sont vendus exclusivement en pharmacie, selon les exigences des autorités nationales. Les produits de phytothérapie sont indubitablement à la mode en Algérie comme dans le monde. Pourtant, de nombreux praticiens algériens estiment qu'il n'est pas vraiment juste de parler d'effet de mode. “Les vertus des produits phyto, appelés à l'époque plantes médicinales, sont reconnues depuis la nuit des temps, sauf que maintenant cela s'est modernisé. Au lieu de boire des infusions et d'utiliser des cataplasmes, on utilise des sirops, des gélules et autres crèmes”, affirme le Dr Djillali Chikh, interniste. Il rapporte qu'il les prescrits “en première intention chez certains patients réceptifs à cette gamme de produits et aussi ceux qui ont perdu confiance dans certains génériques actuels. Sinon il y a certaines pathologies qui incitent à les prescrire tout de go telles la pathologie annale, les maladies respiratoires, l'asthénie et l'anorexie”. Il est rejoint dans cet avis par sa consœur, le Dr Haouara-Boubekeur Schéhérazade, médecin généraliste, qui dit les mettre sur ordonnance pour des pathologies chroniques telles que les maladies d'insuffisance veineuse, d'ostéoporose, de colopathie fonctionnelle, aérocolie, pathologies rhumatismales... “Mais aussi pour des patients polymédicalisés, et chez lesquels j'évite d'associer davantage de produits chimiques ainsi que les patients présentant des maladies contre-indiquant la prise de certains produits chimiques comme par exemple l'utilisation des anti-inflammatoires chez les ulcéreux étant contre-indiquée et ceux présentant des allergies à certains médicaments indispensables à la prise en charge de leur maladie, exemple l'aspirine utilisée comme anti-agrégat plaquettaire dans le cas de l'hypertension artérielle est remplacée par l'ail en capsule”. Malgré les multiples indications possibles des produits phyto, la plupart des praticiens de la santé algériens restent fidèles à la médication conventionnelle, c'est-à-dire les molécules chimiques. “Les prescriptions restent peu nombreuses. Elles émanent pour la plupart de médecins généralistes, quelques pédiatres...”, témoigne Linda Oussedik, pharmacienne à Alger, en indiquant qu'elle a découvert les produits phyto lors d'un congrès de pharmacie. “Un phytothérapeute venant d'Espagne nous a fait découvrir tous les bienfaits de la médication par les plantes. Je les commercialise au sein de ma pharmacie depuis leur disponibilité en Algérie. La visite régulière des délégués médicaux nous permet d'être à jour quant à la disponibilité des produits, et surtout les gammes nouvellement introduites en Algérie”. Elle complète que “la gamme la plus demandée concerne la pédiatrie (sommeil et détente du bébé) et la gamme minceur”. Existe-t-il une appréhension chez les médecins, qui les incite à ne pas trop utiliser la phytothérapie dans un processus thérapeutique ? D'autant que certains organismes internationaux de santé préviennent contre l'usage anarchique de produits phyto, notamment ceux qui échappent au contrôle pharmacologique. Le problème réside dans l'utilisation de quelques substances dont l'innocuité n'est pas tout à fait prouvée. “En Algérie, les produits phytopharm sont vendus exclusivement en pharmacie, selon les exigences des autorités compétentes, car il s'agit là d'une garantie de qualité et de traçabilité”, affirme le Dr Sohaïb Hachaïchi, directeur médical à Magpharm, seul laboratoire national investi dans l'importation des produits phyto. Le Dr Haouara-Boubekeur assure, pour sa part, qu'elle n'éprouve “aucune crainte lors de la prescription des produits phyto car il y a le vécu personnel. Qui n'a pas utilisé les bons vieux remèdes de grand-mère à base de plantes, de miel, d'huile… Mon autre certitude est que l'utilisation des produits naturels est dépourvue d'effets secondaires”. Pour le Dr Chikh, il existe forcément des interactions médicamenteuses qui nuisent à la santé du patient. “Mais elles sont répertoriées et bien connues. Il existe aussi des intolérances aux produits phyto. Par ma propre expérience, je peux dire c'est beaucoup moins fréquent que pour les produits pharmacologiques. Cela se résume à de légers maux de tête parfois d'ordre digestif à type d'accélération du transit intestinal mais rien de bien méchant !” à telle enseigne que notre interlocutrice pharmacienne souligne que les produits de phytothérapie peuvent êtres délivrés en officine sans ordonnance. Il reste à savoir que ces remèdes-là ne sont pas considérés, par la caisse de Sécurité nationale, comme des produits de première nécessité et ne sont donc pas remboursables. “À côté de la liste ô combien longue des produits non remboursés mise à jour régulièrement, les patients ne s'en soucient plus et surtout devant les résultats probants des remèdes”, conclut le Dr Chikh.