La plupart des Algériens ont opté ces dernières années pour les soins naturels et les remèdes de grand-mère. Un retour flagrant à cette médecine traditionnelle qui a suscité un débat sur les perspectives et les limites de ce créneau thérapeutique. Si certaines personnes sont conscientes des conséquences néfastes que peuvent engendrer certaines plantes et produits vendus d'une manière anarchique, d'autres le sont moins. Une virée dans les souks hebdomadaires d'Alger nous a permis de constater le nombre important de ces personnes qui se bousculent autour de ces vendeurs ambulants qui proposent toute une gamme de plantes pour diverses pathologies : “Si vous souffrez d'insuffisance rénale, d'asthme, de tuberculose, de dépression nerveuse ou d'hypertension artérielle, c'est chez moi que vous trouverez le remède”, lance une voix à l'aide d'un haut-parleur. “J'ai les solutions pour vos problèmes liés à la prostate, à l'hypertension et au diabète”, continue-t-il de vanter. “Cette substance est indiquée pour réduire le taux de sucre dans le sang. Et cette plante-là est conseillée pour les hypertendus”, énumère cet “herboriste” en désignant aussi les petites bouteilles contenant les substances “miracles”. La voix attire de plus en plus de curieux, dont certains n'hésitent pas à acheter ces produits. Pour la plupart des gens rencontrés dans le souk hebdomadaire d'El-Harrach, le recours aux plantes médicinales est devenu l'unique alternative à ceux qui ne peuvent plus se permettre l'achat de certains médicaments, à cause de leur cherté. “Quand il s'agit d'une grippe, d'un mal de dos ou d'estomac, je préfère les soins naturels ou les remèdes de grand-mère, tels que les tisanes, les huiles et certaines plantes connues depuis des années pour leurs effets positifs”, nous raconte Ahmed, un homme d'une cinquantaine d'années. D'autres citoyens expliquent ce retour aux plantes médicinales par le coût relativement bas de ces remèdes. “J'avoue que je préfère aller chez un herboriste qui me conseille souvent des produits aux propriétés naturelles bénéfiques et sans effets secondaires. Certains médicaments sont à des prix parfois exorbitants et souvent non remboursables. En plus de la consultation médicale élevée.” De plus en plus de boutiques d'herboristes Depuis quelques années, nous assistons à l'ouverture de plus en plus de boutiques spécialisées dans la vente de plantes médicinales et huiles thérapeutiques “herboristes”, sans parler de ceux qui activent dans les souks et les marchands ambulants qui étalent ces produits sur les trottoirs. “L'affluence est conséquente. Avec les chaînes satellitaires, des centaines de personnes viennent me demander des produits dont ils ont entendu parler à la télé ou dans la rue. Ils achètent également des produits à base de plantes locales ou d'importation. La majorité des clients me demandent des remèdes pour les troubles digestifs, les problèmes du côlon, de l'estomac et de l'intestin”, nous avoue un herboriste au marché de Bab Ezzouar. Un autre nous explique que “le client ne doit pas acheter n'importe où. Il existe des boutiques spécialisées qui possèdent des laboratoires et qui demandent même l'avis des médecins avant de conseiller tel ou tel produit. Il faut avouer que ce domaine a été exploité par des charlatans qui proposent diverses préparations à base de plantes qui peuvent être des substances mortelles. Généralement, je conseille les personnes qui souffrent surtout de troubles digestifs de prendre quelques remèdes comme le cumin, la cannelle, le poivre noir sous forme de poudre, mais à petites doses”, justifie-t-il. Un pharmacien du côté de Bordj El-Kiffan a tenu à nous préciser que plusieurs patients viennent demander des produits à base de plantes. “Il est vrai que ces dernières contiennent des substances utiles et des huiles essentielles favorisant le processus de guérison de certaines maladies passagères. Les produits phytothérapie sont très demandés.” Il est a rappeler que la menthe, le thym, la sauge, le basilic, la carotte, l'oignon et beaucoup d'autres plantes ont été utilisées à travers le temps par nos grands-mères et mères pour nous soulager de certains maux qui nécessitent généralement pas une visite médicale. Ainsi, plusieurs plantes médicinales “sont bénéfiques pour le traitement de plusieurs maladies chroniques, telles que le fenugrec appelé communément “halba” prise par les diabétiques. On conseille même aux gens de prendre de l'ail pour les hypertendus, ainsi que d'autres plantes médicinales, comme, par exemple, l'artichaut qui est un régulateur du métabolisme et améliore le fonctionnement du foie et la régénération de ses cellules, ainsi que le marronnier d'Inde qui est une plante utilisée pour le traitement de divers problèmes liés à des troubles de la circulation veineuse : lourdeur et enflure des jambes, varices et hémorroïdes”, selon un médecin. Quant à la motivation économique expliquant le recours à la médecine traditionnelle comme mode de soins, elle est catégoriquement désapprouvée par un pharmacien qui avoue que ces clients son issus de différentes couches sociales. “J'ai des gens très riches qui viennent demander des tisanes pour la toux au lieu d'un sirop par exemple, et des produits à base de plantes pour leur problème d'insomnie ou d'appétit.” Pour la plupart des personnes interrogées, il est important de réglementer ce créneau. Ils mettent en garde contre les vendeurs ambulants qu'on trouve surtout dans les souks hebdomadaires. Ces derniers profitent de l'ignorance de certaines personnes pour proposer des produits nocifs, voire mortels.