Le transport en commun à Bordj Bou-Arréridj est un véritable parcours du combattant pour les uns et un véritable casse-tête pour les autres. Pas de transport en commun viable pour une ville de 173 637 âmes. Si statistiquement 110 véhicules de transport en commun sont en circulation, les Bordjis, eux, sont confrontés à de multiples difficultés de transport aux heures de pointe. Ce marasme ne date, cependant, pas d'hier, puisque la confusion s'est installée au fil des ans en l'absence d'un débat sérieux autour de cette question et, à défaut, d'une application rigoureuse de la réglementation. À Bordj Bou-Arréridj, les chauffeurs de taxi et de bus sont loin de satisfaire leurs clients. Ces derniers sont, en effet, tout sauf “rois”. Le déplacement quotidien des citoyens est devenu une véritable corvée. Les taximen et les chauffeurs de bus font leur propre loi. Ce sont eux qui imposent leurs itinéraires. “Plusieurs chauffeurs de taxi n'assurent que les courses qui les arrangent.Ils embarquent rarement deux personnes ensemble. Quand on est trois, ils ne daignent même pas s'arrêter”, témoigne un usager. Beaucoup pratiquent le délit de faciès et évitent les gens âgés, les obèses, ou ayant une tenue campagnarde. Ainsi, une dame d'une soixantaine d'années, résidant dans un quartier à la sortie de la ville, affirme attendre à chaque fois au moins trois quart d'heure avant qu'un taxi s'arrête. “À quoi servent ces taxis, s'ils font la fine bouche”, dit-elle. Pour les bus, le nombre de passagers est le plus important. La surcharge est visible à l'œil nu. Bref, tout le monde se plaint en vain. Les responsables n'arrivent pas à mettre fin à cette anarchie chronique dans ce secteur qui reflète l'image de la ville. Pourtant, les arrêtés permanents ne manquent pas. Ils régulent, en principe, le transport par taxi. Ils stipulent, entre autres, que le client a bien des droits qu'il doit réclamer à chaque course. Il peut refuser que le taximen charge d'autres clients et exige de suivre l'itinéraire qu'il lui indique. Et non celui qui arrange le chauffeur. Il est à savoir, aussi, que le client n'est pas obligé de supporter les discours du taximen ou ses goûts musicaux. D'un autre côté, le véhicule doit être propre et bien entretenu et les chauffeurs doivent avoir une tenue vestimentaire correcte. Par ailleurs, la loi leur interdit de fumer dans la voiture ou de refuser des clients. À noter que la fraude des prix est également sanctionnée par la loi. Une question se pose donc avec acuité : quel est le rôle des autorités locales et centrales ? En principe, elles sont tenues d'instaurer une organisation efficace du transport urbain. Elles doivent, ainsi, faire respecter les dispositions légales et veiller à leur bonne exécution. En fin de compte, et, malheureusement, tout ce désordre est supporté par les citoyens. Les chauffeurs de taxi, quant à eux, profitent de la situation et de la forte demande mais ils se plaignent aussi. “En une journée, nous dépensons environ 200 DA rien que pour le carburant, une garantie de 600 DA minimum au propriétaire de taxi, vient, ensuite, notre part”, déclare un chauffeur de taxi. “Les conditions de circulation, notamment sa forte densité, non seulement aux heures de pointe mais pendant toute la journée, ne nous permettent pas de rentrer dans nos frais”, souligne un autre chauffeur. “Aussi, on préfère attendre des clients à la sortie des gares, des cités, de l'hôpital… et garantir un minimum de 300 DA, au lieu de perdre beaucoup plus de temps avec un seul client ou trois à la fois”, ajoute-t-il. Un autre problème que soulèvent les taximen est celui des clandestins qui occupent maintenant une place formelle dans la ville. “Ils exercent sans aucune gêne. Ils sont là, présents dans tous les coins de la ville. Ils ne se cachent plus, ne paient ni charges ni impôts”, dira un représentant des taximen Bordjis. Les Bordjis, n'ayant pas d'autres choix, sont obligés de supporter les caprices des transporteurs, détenteurs d'un sauf-conduit dit “de confiance et de service !