La question de la baisse de la production de gaz est également loin de faire l'unanimité au sein des participants. Le Forum des pays exportateurs de gaz s'ouvre aujourd'hui à Oran, en présence des ministres de l'Energie des principaux pays membres de cette structure chargée de défendre les intérêts des producteurs de gaz, à savoir de l'Algérie, de la Russie, du Qatar et d'Iran. La Norvège en tant qu'observateur participerait à la rencontre. Ces cinq pays accaparent l'essentiel des exportations de gaz de la planète. Les yeux du monde seront donc braqués sur la réunion d'Oran surtout si le forum décidait d'une réduction de l'offre, c'est-à-dire de la production, dont l'effet est l'augmentation des prix du gaz et partant des revenus de pays comme l'Algérie. Actuellement, les cours du gaz, contrairement au pétrole sont considérés comme très bas. Ces prix ne sont pas jugés acceptables par les principaux membres du forum. Un effet d'au moins deux facteurs : une baisse de la demande en raison de la crise financière mondiale et un déséquilibre entre l'offre et la demande, c'est-à-dire une surabondance de gaz sur le marché. L'Algérie était montée au créneau ces derniers mois pour demander des prix plus justes. Le ministre de l'Energie avait, en riposte à ce bradage du gaz sur le marché, évoqué l'éventualité d'une réduction de l'offre des pays du forum pour pousser les prix à la hausse. “Il faudrait une décision historique à Oran évoquant un choc gazier et ses répercussions sur les pays producteurs et exportateurs de gaz”. Dans ces dernières déclarations, il était beaucoup plus réservé. Il n'a fait allusion dans sa conférence de presse ni à la création de l'Opep du gaz, une possibilité mise en avant à maintes reprises par la Russie et l'Algérie ni sur une réduction de l'offre du forum. Mais il a, cependant, posé de nouveau la problématique dans la conférence de presse tenue samedi denier. “C'est une situation de crise qui se profile si bien des mesures efficaces ne sont pas arrêtées en coordination avec les membres du forum Fpeg”. Et d'expliquer que si la situation des prix restait en l'état, ce sont les investissements futurs dans le gaz qui seront reportés. La Russie et le Qatar contre la réduction de l'offre “C'est bien beau d'avoir des prix bas mais c'est la graine qui fera monter les prix plus tard comme nous l'avons vu pour les prix du pétrole.” Les premières déclarations des ministres russe et qatari hier jetaient le scepticisme. Il n'y a pas encore à l'heure où nous écrivons un quelconque consensus sur une réduction de la production de gaz. Le ministre qatari Abdallah Ben Ahmed Atia a réaffirmé hier la position de son pays quant aux mesures envisageables à prendre pour augmenter les prix du gaz. “Le but de cette réunion n'est pas une baisse de la production, mais de discuter des mécanismes qui permettent un juste prix du gaz et stabiliser le marché du gaz”. Le problème de l'indexation des prix du gaz sur le pétrole (en gros le gaz est trois fois moins cher que le brut) doit être abordé. Le ministre qatari a estimé, cependant, qu'il y avait un rapprochement de points de vue sur la question. La réponse du ministre russe, Serguei Shmatko, semble en deçà des attentes. Ce dernier n'a pas souhaité confirmer ses précédentes déclarations. Il a rejeté l'idée d'une baisse de la production de gaz. Le ministre russe a également insisté sur la nécessité de rapprocher les positions sur le sujet. “Un rapprochement des positions est possible. Il faut trouver un mécanisme pour un juste prix pour faire remonter les prix du gaz”. Reste à savoir comment arriver à déterminer ce mécanisme.