Un consensus s'est dessiné, en revanche, pour l'objectif d'indexation des prix du gaz sur le pétrole sur les marchés spot, c'est-à-dire libres, à l'instar des contrats long terme, pour ainsi arriver à des prix acceptables. Les travaux du Forum des pays exportateurs de gaz Fpeg, qui s'est tenu hier à Oran, n'ont pas été sanctionnés par des décisions historiques, c'est le moins qu'on puisse dire. Dans la déclaration finale distribuée à l'issue de la conférence de presse donnée hier par le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, ce qui était attendu d'ailleurs, au regard des réserves de la Russie et du Qatar sur ces questions, deux poids lourds du forum, nulle mention d'une quelconque réduction de la production des pays membres du Fpeg, ni d'une création d'une Opep du gaz. Le ministre de l'Energie avait mis en avant à la veille de la rencontre la nécessité de réduire la production des pays membres pour augmenter les prix du gaz. Il a tiré la sonnette d'alarme sur le risque de persistance de la baisse des prix du texte à moyen terme. Cette proposition n'a pas été retenue. Un consensus s'est, par contre, dessiné sur la nécessité d'une indexation des prix du gaz sur le pétrole dans les contrats spot, c'est-à-dire sur le marché libre à l'instar des contrats long terme. Mais cette décision n'est pas obligatoire. C'est un objectif. Le délai pour arriver à atteindre ce challenge n'a pas été fixé. Constitution d'un groupe de travail pour une stratégie de l'organisation pour les cinq prochaines années Point important de la déclaration, le forum a décidé de lancer les travaux d'élaboration d'une stratégie pour les cinq prochaines années. À cet effet, un groupe de travail au sein du Fpeg sera constitué. Le Fpeg a également décidé d'organiser un premier sommet du gaz du Fpeg en 2011. Le forum sera ouvert à d'autres pays exportateurs de gaz en tant que membres et exportateurs. À noter que le forum regroupe les principaux pays exportateurs de gaz, notamment la Russie, le Qatar, l'Iran, l'Algérie, le Venezuela, le Nigeria, la Libye, l'Egypte, la Norvège et la Hollande ayant le statut d'observateurs. Le prix juste pour le Fpeg : 14 dollars le million de Btu Dans ses réponses à la presse, le ministre de l'Energie a expliqué que le forum est une organisation jeune. Cette structure qui est chargée de défendre les intérêts des pays producteurs et exportateurs de gaz est opérationnelle depuis deux mois. Elle est dotée d'un nouveau secrétariat général chapeauté par le Russe Leonid Boghanovski. Chakib Khelil a été très évasif sur les multiples questions posées sur la création d'une Opep du gaz. Une idée restée en l'air avec le recul de la position de la Russie sur le sujet. Sur la réduction de l'offre de gaz des pays du forum, il a affirmé qu'il ne faut pas prendre des décisions qui risquent de se retourner contre les pays exportateurs membres du forum. “Des pays comme les Etats-Unis et l'Australie vont prendre notre part de marché, si nous décidions de réduire notre production”. Il a ajouté que le prix juste pour le Fpeg devrait être de 14 dollars le million de Btu, reflétant la parité avec les prix du pétrole. Actuellement, les prix du gaz tournent autour de 4 dollars le million de Btu, considérés comme trop bas. Sur le gaz non conventionnel dont les réserves sont estimées importantes notamment aux Etats-Unis et qui risquent d'inonder le marché, il a affirmé que rien ne dit que ce niveau de réserves et de potentiel de production est réel. Le Fpeg va étudier si cette offre nouvelle de gaz présente un risque réel menaçant les revenus et les parts de marché des pays membres du Fpeg. Finalement, c'est la montagne qui aura accouché d'une souris. Pas de décisions à court terme pouvant influer sur le niveau actuellement très bas des prix du gaz. C'est le jeu libre du marché et des intérêts divergents des pays consommateurs et exportateurs pouvant augurer la prédominance à l'avenir des contrats spot, alors qu'aujourd'hui les contrats long terme dominent. Dans la déclaration finale, le Fpeg soutient la sécurité de l'approvisionnement énergétique par plusieurs moyens, l'accroissement des investissements et des échanges technologiques. Mais sans les injustifiées barrières, notamment la taxation sur le carbone (que veut imposer l'Europe). Un vœu pieux ? Tant que les pays membres du Fpeg ne coordonnent pas leurs positions.