C'est en présence d'une assistance nombreuse, composée essentiellement de représentants du mouvement associatif, des membres de la famille révolutionnaire, des élus locaux et autres personnalités de la région, que le président du groupe parlementaire du RCD, Boubkeur Derguini, a présenté samedi dernier, à la maison des jeunes Saïd-Bouhired de Souk El Ténine, le bilan des activités des députés de son parti, de leur investiture, au lendemain des législatives du 17 mai 2007, à nos jours. Abordant le volet politique, le conférencier estimera que “la rencontre d'aujourd'hui, qui intervient à la veille de la célébration du trentenaire du Printemps berbère, est une occasion pour vous faire part de notre activité et de notre engagement en faveur des idéaux pour lesquels nous nous sommes fait élire”. Avant d'ajouter que “la date du 20 avril, qui représente un repère du combat identitaire et démocratique dans notre pays, est dignement célébrée chaque année en Kabylie. Sa commémoration coïncide cette fois-ci avec un autre événement politique important qui a une portée symbolique de taille. Il s'agit effectivement du livre de Saïd Sadi intitulé Amirouche : une vie, deux morts, un testament, qui ne manquera pas de rétablir certaines vérités historiques”. Pour l'orateur, l'ouvrage du président du RCD s'inscrit dans la perspective de relancer le débat sur l'histoire de la guerre de Libération nationale qui devrait permettre de rétablir justement certaines réalités et tirer les conclusions à même de conduire le pays dans le vrai chemin, celui de la construction, du droit et du développement durable et mettre fin à l'assèchement et au détournement de la ressource nationale. Evoquant la question identitaire pour laquelle des générations entières se sont sacrifiées, le député du RCD insistera sur la nécessité de la poursuite du combat pour la promotion de la langue et culture amazighes, affirmant qu'“en dépit de l'avancée historique qu'a connue ces dernières années la langue berbère, beaucoup reste à faire pour parvenir à offrir à celle-ci la place qui lui revient de droit dans le Grand Maghreb”. Afin d'étayer ses propos, M. Derguini citera à titre illustratif l'interdiction, au sein de l'APN, qui frappe tamazight, pourtant reconnue comme langue nationale dans la Constitution algérienne. “Seule la langue arabe est autorisée dans les débats de notre assemblée. Cette attitude cache mal le mépris et l'acharnement du pouvoir en place contre la langue de Massinissa”, a-t-il soutenu. Revenant à la situation socioéconomique du pays, le président du groupe parlementaire du RCD brossera un tableau plutôt sombre, en rappelant à l'assistance les derniers mouvements de grève des secteurs de la Santé et de l'Education, les émeutes qu'ont provoquées les opérations de relogement, les différents scandales financiers ayant éclaté au sein de grandes entreprises nationales (Sonatrach, CNMA, Banques…) et dans lesquels sont impliqués de près ou de loin des responsables au plus haut sommet de l'Etat… “Le meilleur baromètre qui permet d'évaluer l'action et la politique du régime en place se résume à la question du pouvoir d'achat qui préoccupe sérieusement notre peuple aujourd'hui. À cela s'ajoutent bien sûr d'autres problèmes et non des moindres, tels que le chômage endémique, la crise de logements, les passe-droits et la corruption, devenus malheureusement monnaie courante dans le pays, etc.”, fera-t-il remarquer. Avant d'accuser ouvertement les tenants du pouvoir de “falsification de l'histoire, détournement de la volonté populaire qui a permis la dilapidation des richesses nationales”. Selon le conférencier, la région de Kabylie, qui a payé un lourd tribut que ce soit dans le combat libérateur ou après l'indépendance, continue à subir “l'embargo économique” imposé par le pouvoir, en la privant de tout projet structurant qui lui permettrait de sortir de cette situation de marasme. Dénonçant les retards flagrants constatés dans l'achèvement des projets lancés dans la région, il citera l'exemple du dédoublement du tronçon de la RN9 reliant Béjaïa et Souk El Ténine, sur une distance de 40 kilomètres, dont les travaux ont duré 14 ans. Par ailleurs, M. Derguini tient à souligner l'importance du rôle que jouent les députés du RCD dans l'exercice de leur mission, et ce, en dépit des entraves que tente de dresser le pouvoir en place. “Se servir de la tribune du Parlement pour dénoncer et faire entendre la voix des citoyens à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Voilà l'approche du RCD, notamment au sein du Parlement, malgré le rapport de force actuel, provoqué par la fraude électorale, qui consiste justement à ne pas laisser la voie libre à ceux qui ruinent et assèchent la ressource nationale. Nous sommes donc en train de porter les préoccupations citoyennes de la façon la plus pertinente et la plus percutante”, conclut-il.