Les pays membres du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) ont décidé, hier à Oran, de travailler pour l'objectif d'une parité entre les prix du gaz et du pétrole, y compris les prix du marché spot du gaz. Les prix du gaz sont déjà indexés sur le pétrole dans les contrats à long terme. C'est ce qu'a expliqué en substance Chakib Khelil, le président en exercice du forum et ministre algérien de l'Energie et des Mines, lors d'une conférence de presse tenue à la fin de la réunion des ministres membres du Fpeg. C'est la première incursion du forum sur les questions du marché et qui pourrait le rapprocher de l'Opep sans pouvoir disposer des moyens efficaces pour faire comme cette organisation. Cette décision était attendue vu les enjeux actuels marqués par la baisse importante du prix du gaz sur le marché spot à cause de la récession économique et de l'augmentation de la production américaine ainsi que de la révision à la hausse des réserves de gaz de ce même pays. Les prix du gaz sur le marché spot sont deux fois inférieurs à ceux dans les contrats à long terme. Pour atteindre cet objectif, les pays membres ont décidé de créer un groupe de travail pour élaborer une stratégie à long terme. Ce groupe de travail sera composé des représentants de pays membres, qui vont travailler en étroite collaboration avec le secrétariat du FPEG afin d'élaborer et de finaliser la stratégie du forum pour les 5 années à venir, selon le communiqué officiel publié hier à l'issue de la réunion et lu devant la presse par M. Khelil. Les ministres ont aussi convenu de la possibilité d'organiser le premier sommet du forum en 2011 ; il réunira les chefs d'Etat. Selon le président du forum, si la parité des prix du gaz avec ceux du pétrole existe dans les contrats à long terme, nous avons besoin d'une stratégie pour atteindre la parité dans les contrats sur le marché spot. Il y a un consensus pour cet objectif au sein du FPEG, selon son président. « Nous avons besoin d'une stratégie pour chaque pays, a-t-il précisé. C'est le groupe de travail qui va être créé qui va étudier les mécanismes pour atteindre cet objectif. La tâche n'est pas facile. » Le président du Fpeg a estimé que la réunion a été un succès vu que l'organisation est nouvelle et que les principaux pays exportateurs de gaz sont présents. La stratégie a été acceptée par tous. Une réunion des sociétés nationales des pays exportateurs de gaz est programmée avant la fin de l'année pour l'échange d'informations en matière de coûts à la vente de gaz. C'est le début d'une coordination qui va porter sur l'aspect commercial. C'est tard dans la nuit de dimanche que le bureau exécutif du FPEG a pu trouver un consensus pour sa dixième réunion ministérielle, selon une source proche du forum. La réunion, marquée par des débats très animés, avait démarré en début d'après-midi pour se terminer tard dans la nuit. La menace qui pèse sur les recettes des exportations de gaz a, semble-t-il, amené les délégués à formuler des propositions centrées sur l'aspect des prix. Cette dixième réunion ministérielle va marquer « le début d'une nouvelle ère » pour l'organisation, a indiqué dans son discours d'ouverture le président en exercice du forum, Chakib Khelil, ajoutant que c'est « un lieu de rencontre, d'échange de points de vue, un espace et un cadre pour la prise de décision pour que les marchés soient stables et pour la stabilité de nos recettes de gaz ». Les membres du FPEG recherchent les mécanismes qui leur permettraient d'intervenir afin de garantir des marchés stables et assurer la stabilité des recettes de gaz. C'est une nouvelle phase qui commence, selon le président du Fpeg, qui a évoqué le processus de la prise de décision concernant la mise en place du secrétariat, l'examen et la discussion des événements récents qui ont marqué l'industrie gazière ainsi que les perspectives. L'offre importante de gaz sur le marché et les projets qui vont entrer en production font que la crise actuelle des prix devrait encore durer 5 années et les prévisions sont préoccupantes. Cette préoccupation s'est retrouvée dans l'intervention du président du forum, lors de l'allocution d'ouverture : « Nous allons connaître une nouvelle période. Les projets vont croître, le surplus va croître et cela risque de provoquer une chute brutale des prix. » Le changement du marché de l'Amérique du Nord avec le développement spectaculaire de la production de gaz non conventionnel va limiter la demande en GNL. « En toute honnêteté, nous allons connaître une nouvelle période », a indiqué le président du Fpeg. Cette nouvelle période a commencé apparemment avec la réduction des volumes achetés dans le cadre des contrats à long terme (Take or Pay), vu que les acheteurs s'orientent sur le marché spot où les prix sont plus bas. Malgré la reprise de la croissance après la baisse de la demande connue en 2008 et 2009, la demande mondiale de gaz en 2013 serait du même niveau que celle de l'année 2008. La crise actuelle devrait encore durer 5 années et les prévisions sont préoccupantes. « Alors que nous avions enregistré des taux de croissance soutenue de la consommation mondiale de gaz pendant plusieurs décennies, la demande dans les zones de forte consommation a, pour la première fois dans l'histoire récente, considérablement diminué en 2008/2009. Les prévisions pour les cinq prochaines années sont plutôt inquiétantes, car elles affichent uniquement une très faible croissance de ces zones qui ramènera le niveau de la demande de 2013 à celui de 2008 », a souligné M. Khelil. Ainsi l'impact de la reprise économique sur la demande en gaz est incertain. C'est ce qui a amené le forum à commencer à s'occuper des problèmes des prix, de la régulation de la production et de l'indexation des prix du gaz du marché spot sur ceux du pétrole.