Le forum des chefs d'entreprise enregistre des retraits en cascade de plusieurs entreprises publiques dont le nombre s'élèverait, jusqu'à présent, à plus d'une dizaine. C'est Wahid Bouabdallah, P-DG d'Air Algérie, qui a ouvert le bal en signifiant son retrait depuis déjà une quinzaine de jours, selon son affirmation, et ce, pour moult raisons. “Il n'est pas question de servir de faire-valoir”, commencera-t-il par expliquer, faisant part de son refus catégorique de continuer à cautionner une démarche ayant aucune “visibilité”. Contacté par nos soins, le responsable de la compagnie nationale s'est longuement attardé sur les raisons de son adhésion au FCE qu'il estimait être le cadre idoine pour la concertation en guise de véritable forum et non comme une corporation. “Le FCE est censé défendre les intérêts de l'entreprise sans discrimination aucune entre le public et le privé”, a-t-il déclaré, déplorant son exclusion des décisions stratégiques. “Il y a eu des positions et des déclarations sur lesquelles il n'y a aucune concertation. Je citerai, entre autres, la question de l'augmentation des salaires, mais surtout une critique acerbe contre la vision économique de l'Etat. C'est ce que je ne peux tolérer”. En effet, lors de la rencontre du FCE en avril dernier à El-Aurassi, le président du FCE, en l'occurrence Réda Hamiani, n'a pas manqué de critiquer ouvertement la politique économique actuelle du gouvernement marquée, selon lui, “par l'augmentation exponentiel du budget d'équipement de l'Etat”. Il multipliera, selon les affirmations de M. Bouabdallah, des déclarations et des interviews allant à contresens de ce qu'il pourrait soutenir lui-même. “Je suis à la tête d'une entreprise publique et dont l'unique actionnaire est l'Etat ; je ne peux pas m'inscrire en porte-à-faux avec ses actions et visions, sinon j'aurais démissionné depuis longtemps et ce n'est pas le cas”, argumentera-t-il. L'autre couac qui a pesé dans la balance quand il a été question de retrait réside dans la position du FCE par rapport à l'augmentation des salaires dans le secteur privé. Sur ce chapitre, le FCE s'est dit, par la voix de son président Réda Hamiani, “non concerné” par les décisions de la tripartite. Et de préciser : “le FCE a un statut d'association qui ne lui permet pas d'intervenir dans la codification ou la réglementation sociale des relations de travail.” M. Bouabdallah, pour sa part, s'étonnera que pareil comportement puisse intervenir, alors que l'Etat a pris louable initiative, de son avis, d'élargir son espace de concertation en intégrant le FCE même dans la tripartite. Le patron d'Air Algérie attestera, en outre, qu'il est question là d'une décision purement personnelle et non d'une directive émanant d'une sphère. “Lorsque j'ai envie de faire de la politique, je le fais au sein d'un parti, de mon parti…”, lâchera-t-il d'un ton acerbe. Et de poursuivre : “Mais là, il s'agit d'économie, de gérer une entreprise et d'être en accord avec l'Etat”. Un message, on ne peut plus clair, à qui veut bien l'entendre et qui n'augure rien de bon pour le FCE au sein duquel court déjà la rumeur que ce retrait est bel et bien instruit des plus hautes instances.