Pour retirer leur argent, les moudjahidine, souvent grabataires, octogénaires, et plus, percevant leurs pensions par virement CCP, sont soumis, à chaque fin de mois, à d'exténuants déplacements vers des agences et bureaux postaux le plus près où leurs comptes sont domiciliés (Tizi Ouzou, Draâ Ben Khedda…). Et pour cause, avec des pensions mensuelles de 45 000 à 50 000 DA, ils ne peuvent retirer la totalité puisque le règlement d'Algérie Poste limite le montant de chaque retrait à 20 000 DA/jour, dira un moudjahid mal-voyant et malentendant, accompagné de son petit-fils. Sachant que le chômage et la cherté de la vie ont des effets ravageurs sur les familles, dont certaines vivent à près d'une dizaine de membres, entre enfants, brus, petits-enfants… de cette unique source de revenus qu'est la pension du grand-père ou de la grand-mère. Ces octogénaires interpellent les responsables concernés pour leur trouver une solution conforme à leur âge et leur état physique. Car, dans cet état de fait, pour retirer la totalité de leur pension — de nombreux membres de leurs familles attendent impatiemment la solution pour cette catégorie de personnes — il faut revenir successivement deux à trois fois, non sans être accompagnés, pour ceux qui peuvent être accompagnés, sans quoi, les risques ne sont pas moindres, alors que le montant que l'on peut retirer par le biais d'un rapporteur ne peut dépasser 5 000 DA, comme chacun le sait. Une autre remarque chez Algérie Poste : au centre payeur du chef-lieu de Draâ Ben Khedda, une circonscription de plus de 30 000 âmes, relais pour plusieurs agglomérations environnantes (Laâzib n'Zamoum, Bordj Menaïel, Tadmaït, Sidi Namane, Dellys, Baghlia, Tirmitine, Maâtkas, Aït Yahia Moussa…), on trouve le moyen de fermer le bureau de poste de 12h à 14h et de faire attendre les clients dehors. Ainsi, dès midi, le grouillant public de femmes et d'hommes, illettrés généralement, commence à éructer son lot d'insultes à l'égard des agents de la poste qui ne réussissent à faire sortir ce public qu'après une perte de plusieurs minutes dans des tergiversations de “fiel” et autres lots d'amabilités. Moult fois l'on a constaté des tentatives d'agression par des clients contre des agents submergés et lassés par l'incompréhension de la part d'un public hétérogène. L'on se demande alors pourquoi n'instaurerait-on pas des horaires continus à l'instar des autres bureaux de poste des grandes agglomérations, comme Tizi Ouzou ? À Draâ Ben Khedda, cette situation impose aux agents du centre payeur à user, dès midi, de mille et un subterfuges diplomatiques pour convaincre la foules des clients de toutes catégories d'âges à sortir pour attendre dehors jusqu'à 14h.