Face à ce phénomène qui fait partie des catastrophes frappant les pays du Sud, notre gouvernement s'est borné à traquer les harragas et à traduire devant les tribunaux ceux qui ont le bonheur ou le malheur d'être repêchés en mer. Le nombre d'immigrés clandestins algériens (harragas) vers l'Espagne a nettement régressé en 2010, par rapport aux années précédentes. La déclaration a été faite jeudi par l'ambassadeur d'Espagne à Alger. Elle a de quoi nous réjouir au sens où elle signifie aussi moins de morts, sachant que la plupart des harragas périssent en mer. Mais, pourquoi du jour au lendemain l'Espagne n'a plus le même attrait pour les jeunes Algériens ? Parce que ce pays, comme l'explique son ambassadeur, n'a plus grand-chose à offrir. Comme beaucoup de pays du Vieux Continent, l'Espagne est frappée de plein fouet par la crise économique. Le syndrome de la faillite qui mine la Grèce fait planer son spectre sur ce pays qui, il y a encore quelques années, affichait une croissance annuelle à deux chiffres. Le reflux du nombre de harragas s'explique aussi, mais dans une bien moindre mesure, par une meilleure coopération entre les autorités algériennes et espagnoles. Cepentant, dans tous les cas, cette baisse est en rapport quasi exclusif avec le malaise économique et social que vit l'Espagne. Autrement dit, les responsables politiques algériens n'y sont pour rien par rapport à cette situation nouvelle. C'est-à-dire que de leur côté, ils n'ont pas fait grand-chose pour stopper les boat people version algérienne qui tentent de gagner la rive nord de la Méditerranée. En effet, face à ce phénomène qui fait partie des catastrophes frappant les pays du Sud, notre gouvernement s'est borné à traquer les harragas et à traduire devant les tribunaux ceux qui ont le bonheur ou le malheur d'être repêchés en mer. Cela ne peut pas tenir lieu de politique. Ce n'est pas comme ça, Monsieur Ould-Abbès, que vous ferez passer aux candidats à la “harga”, l'envie de prendre la mer. On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre. Ce qui se passe en Espagne et, de façon générale en Europe, pourrait constituer une opportunité pour les autorités algériennes de mettre enfin en place une véritable politique alternative en direction de ces jeunes pour démystifier à leurs yeux le mirage de l'Eldorado européen. D'autant que tous les ministres, à commencer par celui concerné au premier chef par ce dossier, n'arrêtent pas de claironner à tout bout de champ que “l'argent existe”. Alors, chiche ! O. O.