Après que l'OLP eut donné son accord à des pourparlers indirects avec Israël, les négociations ont été entamées hier. Néanmoins, le processus est accueilli avec beaucoup de scepticisme. D'abord, si les Israéliens ont fini par dire oui au processus d'Obama, après l'avoir rejeté, c'est parce qu'une majorité d'entre eux sont parvenus à la conclusion que plus le temps passe sans réelle négociation avec les Palestiniens, plus leur situation devient difficile et dans la région et sur la scène internationale. Et puis, pour ne pas fâcher davantage l'allié américain stratégique, Netanyahu et ses partisans du Grand Israël ont concédé à la table des négociations sachant qu'ils pourront en faire capoter les travaux. Comme cela a été fait de tous temps depuis les fameux accords d'Oslo et sans que puisse intervenir la communauté internationale qui s'en était pourtant porté garante. En outre, même au sein de la coalition de Netanyahu, le courant le plus droitier a fini par admettre la faisabilité d'une proclamation unilatérale de l'Etat palestinien et que par conséquent leur statu quo était improductif compte tenu, entre autres, du taux de natalité bien plus élevé des populations arabes. D'ailleurs, le discours a même changé : les Israéliens parlent de moins en moins d'annexion pure et simple de la Cisjordanie, à l'instar du Golan. Evidemment que Netanyahu et les siens refusent le gel des constructions. Alors, la reprise des négociations même sous le parapluie direct de Washington, n'est-elle pas un nouvel échec annoncé ? Mahmoud Abbas a joué la montre, il ne voulait pas s'asseoir à la table des négociations tant que Netanyahu ne se sera pas engagé à débattre de tous les dossiers, y compris les plus sensibles. A-t-il eu toutes les assurances de la part des Américains ? Si oui, que valent-elles ? Netanyahu a-t-il obtenu pour sa part le report des débats sur Jérusalem comme il en avait fait la demande le 23 avril en proposant la création d'un Etat palestinien dans des frontières provisoires en évacuant la question de la capitale à la fin des négociations. Pour les Américains et c'est toute leur stratégie, en s'attelant aux problèmes qui ont déjà des solutions consensuelles, les négociateurs israélo-palestiniens pourront tisser la trame d'un accord progressif impliquant des concessions mutuelles. Mais les Palestiniens ont déjà tout donné, le président de l'Autorité palestinienne ne peut accepter des solutions temporaires parce qu'elles sont refusées par son peuple, quand bien même il a reçu l'onction de la Ligue arabe qui, dans un élan consensuelle, a endossé, le 1er mai, le plan américain sans coup férir. Mahmoud Abbas s'est défaussé de la responsabilité de la reprise des négociations sur le syndicat des chefs d'Etat arabes qui a donné son accord à la reprise des négociations avec Israël. Il reste à savoir ce que Netanyahu a négocié en coulisses avec George Mitchell, lors de son dernier déplacement en Israël ? Il aurait consenti à la levée de barrages en Cisjordanie, la libération d'une vague de prisonniers, le retrait de l'armée de nouvelles villes et par l'allègement du blocus de Gaza. Mais en contrepartie de quoi ? Il aurait même accepté de rouvrir certaines institutions palestiniennes à Jérusalem-Est, en particulier la Maison d'Orient, sorte d'ambassade de l'Autorité palestinienne. Un geste symbolique pouvant être interprété comme un droit implicite donné aux Arabes sur une partie de Jérusalem. Le Premier ministre israélien acceptera-t-il de donner au nouvel Etat palestinien les attributs d'un pays indépendant. Jusqu'ici il n'a accepté seulement qu'un “territoire alloué aux Palestiniens sans armée, sans contrôle de l'espace aérien, sans monnaie, sans entrée d'armes et sans possibilité de nouer des alliances avec l'Iran ou le Hezbollah”. Une base de discussion qui n'est pas à la hauteur des prétentions palestiniennes. L'émissaire américain George Mitchell va donc pouvoir faire la navette entre les dirigeants israéliens et palestiniens, pendant une durée maximale de quatre mois, pour essayer notamment de réduire les grandes divergences de vue entre les deux camps concernant la création d'un Etat palestinien.