“La délinquance juvénile” est le thème d'un séminaire que la faculté de droit de l'université Saâd-Dahlab de Blida a organisé, les 8 et 9 mai courant. Plusieurs spécialistes de l'université de Blida et deux de celle d'Oujda (Maroc), des juristes et des représentants de services de police judiciaire ont participé à ce séminaire dont les principaux axes de réflexion ont été les causes de la délinquance juvénile, la responsabilité pénale du délinquant mineur, la police judiciaire et les mineurs, l'instruction et le jugement des mineurs et, enfin, l'application des peines sur le mineur. Au cours des débats tous les intervenants ont opté à ce que la législation algérienne s'adapte à la mutation de notre société et plus particulièrement envers celle des mineurs qui restent “victimes” de cette inadaptation. Les intervenants estiment que la relation entre la police judiciaire et le mineur doit être réglementée dans ses moindres détails car c'est le premier contact du mineur avec la justice et la moindre mauvaise prise en charge bascule plus le mineur vers la délinquance. Selon le Dr Saïd Youssef, le délinquant juvénile est “avant tout une victime que nous devons aider et assister et non un criminel comme le considèrent beaucoup de gens qui ramènent la délinquance des mineurs aux conditions de vie propres à chacun”. Le scientifique estime que l'école, le code de la famille, le monde du travail et tout ce qui a trait à la vie en société doivent être revus, corrigés et balisés car c'est de là que tout part pour le bien ou pour le pire. D'autres intervenants appellent à ce que les causes de la délinquance juvénile soient éradiquées à la source par le renforcement de contrôles des endroits comme les bars, les cafés, les magasins de location de films DVD, les cybercafés et autres endroits susceptibles d'inciter le mineur à la délinquance. Abordant certains aspects du code de procédure pénale, les spécialistes mettent l'accent sur l'inadaptation de la loi par rapport à l'article 49 du code de procédure pénale qui indique que le délinquant âgé de moins de 13 ans ne subit que des mesures de protection pour les délits et uniquement un blâme pour les contraventions et, à partir de 13 ans, il est passible de peines allégées, même si elles sont privatives de liberté, mais toujours dans le but de le protéger et de le réorienter. À ce sujet, les intervenants s'interrogent sur l'absence d'une loi propre pour les mineurs en ce qui concerne l'enquête préliminaire, par exemple. Selon le Dr Saïd Youssef, l'enquête menée sur le mineur est la même que celle qui est menée sur les majeurs. La durée de la garde à vue est aussi la même que pour l'adulte. “C'est une aberration qui pourrait porter préjudice à ce mineur qui, il faut le dire, souvent partage la cellule avec des délinquants adultes”, souligne le scientifique tout en portant son témoignage sur les officiers de police judiciaire qui essaient toujours de trouver des solutions temporaires pour garder le délinquant mineur dans leurs bureaux afin de lui éviter le contact avec les délinquants adultes. Certains intervenants s'étonnent que le juge, qui instruit les affaires pénales dans lesquelles sont impliqués des mineurs, soit aussi celui qui le juge. Pour eux, c'est une aberration et une atteinte flagrante à la liberté de la justice puisque le jugement sera prononcé par un magistrat qui a déjà une idée des faits. “C'est un peu être juge et partie contre des mineurs en plus”, fait remarquer l'intervenant qui appelle les pouvoirs publics à revoir leur politique envers les mineurs et leur relation avec la justice. Notons enfin que le pourcentage de mineurs, filles et garçons, impliqués dans des affaires illicites ou criminelles avoisine les 10% et cette tendance va vers la hausse surtout durant les deux dernières décennies