Moins de deux ans après son arrivée à la tête des services américains du renseignement , Dennis Blair, le boss des services américains du renseignement (DNI) tire sa révérence. Il avait perdu la confiance de la Maison-Blanche. Au cours des six derniers mois, plusieurs experts américains ont remis en cause la qualité du renseignement US. Il y a d'abord eu la tuerie de Ford Hood au Texas en novembre 2009, puis l'attentat manqué dans un avion le jour de Noël dans le même année et celui récent de Times Square, dont l'auteur présumé avait pu embarquer dans un avion, avant d'être arrêté in extremis. Trop de boulettes en si peu de temps, le fusible devait sauter. C'est le premier départ d'un haut responsable de l'équipe du président Barack Obama. Et Blair n'est pas n'importe qui, il coordonnait 16 agences gouvernementales mobilisant quelque 200 000 personnes, avec un budget de 75 milliards de dollars. Avant de se voir confier ce poste, l'un des plus sensibles aux Etats-Unis, Blair était un amiral à la retraite. Son départ est intervenu après la révélation de graves dysfonctionnements au sein du système américain de renseignement, dans un rapport publié la semaine dernière, sur la tentative d'attentat de Noël perpétré par un ressortissant nigérian en porte-à-faux avec ceux dressés jusqu'ici par les services américains du renseignement sur les terroristes islamistes. Désormais, les activistes se recrutent au sein de jeunes plutôt bien intégrés dans leurs sociétés occidentales d'accueil. La commission du renseignement du Sénat américain a estimé que des “failles systémiques” ont permis au suspect dans cette affaire, le jeune Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, de monter à bord de l'avion puis de tenter d'actionner des explosifs. La Maison-Blanche avait alors vertement critiqué la communauté du renseignement en fustigeant ses manquements, son absence de recoupements des informations et la mauvaise communication entre services. Avant cette affaire, la fusillade commise en novembre par un commandant de l'armée de terre sur une base militaire au Texas, qui avait fait 13 morts, avait déjà mis les services de renseignement sur la sellette. L'espionnage américain s'est vu reprocher de n'avoir pas su détecter à temps les signes avant-coureurs, alors que l'auteur de la tuerie était en contact avec un imam extrémiste. Le départ de Blair devrait provoquer un débat sur le bien-fondé du poste de directeur du renseignement, fondé en 2004 après le fiasco des armes de destruction massive soi-disant détenues par l'Irak. Le DNI avait pour mission de mettre de l'ordre dans la maison des agents secrets américains en établissant une synergie entre des services souvent en concurrence. Malgré cela, la CIA a continué à agir en électron libre et Blair avait été missionné pour obtenir plus de contrôle sur la célèbre agence d'espionnage de Langley, en particulier sur les frappes conduites par les drones et autres opérations au Pakistan. Mais la Maison-Blanche s'était rebiffée fin décembre 2009 en tranchant en faveur de la CIA qui maintient son autorité directe sur les missions secrètes menées à l'étranger. Plusieurs élus républicains n'ont pas manqué de saisir l'opportunité de la démission du numéro un des services américains pour critiquer la gestion de la sécurité nationale par Obama. Les débats à la Chambre des représentants pour son remplacement seront chauds. La nomination au forceps par le président américain du chef de l'agence chargée d'assurer la sécurité dans les aéroports américains (TSA) a donné un avant-goût de ce futur pugilat. Après plusieurs passes d'armes et des refus de candidatures, ce fut finalement un responsable du FBI et expert de l'antiterrorisme qui a été nommé au poste de secrétaire adjoint au département de la Sécurité intérieure, responsable de TSA. Pistole, jusque-là directeur adjoint du FBI, a travaillé dans la division antiterroriste de la police fédérale. Il a joué un rôle de premier plan dans l'enquête et la traque de Faisal Shahzad, l'auteur présumé de l'attentat raté de Times Square à New York, le 1er mai dernier. Et ce fut le troisième candidat d'Obama ! Les deux précédents avaient été rejetés par le Sénat.