Trois soldats britanniques ont été tués dans une fusillade, hier, à Bassorah (sud) alors que l'Onu reprend ses activités à Bagdad, pour la première fois après l'attentat meurtrier de mardi dernier contre son quartier général. “Un incident grave s'est produit ce matin dans le centre de Bassorah à 08H30 (04H30 GMT). Nous pouvons confirmer que trois soldats britanniques ont été tués et un autre sérieusement blessé”, a déclaré un porte-parole de la coalition américano-britannique. Un témoin de la fusillade, Saber Naâma, a raconté que les soldats avaient été pris dans une embuscade et visés par des hommes armés à bord d'une Toyota blanche, alors qu'ils roulaient à proximité du vieux cimetière britannique de la ville. “Le conducteur a été atteint et a perdu le contrôle du véhicule. Il a heurté une femme irakienne et deux enfants, puis a percuté un immeuble”, a-t-il dit, ajoutant qu'un autre civil avait été pris dans la fusillade et hospitalisé. Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a annoncé vendredi au Conseil de sécurité son intention de confirmer, à titre intérimaire, le coordinateur des actions humanitaires en Irak, Ramiro Lopes da Silva, comme son représentant en Irak après la mort de Sergio Vieira de Mello, tué dans l'attentat. L'Onu, qui employait 500 personnes à Bagdad avant l'attentat, essentiellement des expatriés, réduit fortement son personnel dans la capitale irakienne. Environ 200 personnes devaient reprendre leur service, hier, à Bagdad, apprend-on de source onusienne. Le président américain, George W. Bush, a prédit vendredi que d'autres pays enverraient des troupes pour aider les Etats-Unis à stabiliser l'Irak. “L'Irak est en train de devenir un champ de bataille continu dans la guerre contre le terrorisme. Nous accueillons volontiers plus de troupes étrangères, et il y aura plus de troupes étrangères en Irak”, a-t-il martelé. “J'ai toujours dit que les Nations unies devraient avoir un rôle vital. Il y aura un rôle vital pour l'Onu. Nous discutons d'une résolution sur comment encourager d'autres Etats à participer”, a-t-il ajouté. M. Annan a estimé vendredi qu'il serait “très difficile” de faire adopter une nouvelle résolution demandant l'envoi de troupes en Irak, à moins que les forces américano-britanniques cèdent des responsabilités opérationnelles. “Mais il n'est pas exclu que le Conseil de sécurité décide de transformer l'opération et d'avoir sur le terrain une force multinationale mandatée par l'Onu”, a dit M. Annan. Cela supposerait “de partager un rôle de décision et des responsabilités. Si ce n'est pas le cas, je crois qu'il sera très difficile d'obtenir une deuxième résolution”. Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, avait expliqué la veille que Washington travaillait à une deuxième résolution qui pourrait permettre le déploiement en Irak de troupes internationales supplémentaires. Le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a estimé qu'“il faudrait très rapidement substituer à une logique d'occupation une logique de souveraineté”. “La condition de tout, c'est de reconnaître la souveraineté irakienne (...) C'est le point de départ de tout”, a-t-il souligné. Dans un entretien téléphonique, le chef de la diplomatie russe, Igor Ivanov, et M. Powell ont échangé leurs vues sur la formulation de la nouvelle résolution voulue par Washington, selon des responsables du département d'Etat. La Russie, fortement opposée à la guerre en Irak, a déclaré qu'elle ne voulait pas contribuer à la force de stabilisation sans un mandat spécifique de l'Onu. Des agents irakiens de la sécurité travaillant au siège de l'Onu à Bagdad sont soupçonnés de complicité avec les auteurs de l'attentat suicide meurtrier. “Il y avait forcément des complices irakiens à l'intérieur (de l'hôtel Canal) qui ont renseigné les auteurs de l'attentat”, a affirmé une source de l'Onu qui a requis l'anonymat. “C'était ciblé. C'était un attentat très bien préparé, la cible c'était Sergio Vieira de Mello, c'est évident”, selon cette source. Un Mig découvert près de Bagdad La 4e division d'infanterie américaine, qui opère dans la région de Tikrit, à 180 km au nord de Bagdad, a arrêté trente-cinq personnes au cours des dernières 24 heures, à affirmé, hier, le lieutenant-colonel Bill MacDonald. "Quatre d'entre eux étaient recherchés car ils étaient soupçonnés d'attaquer les forces de la coalition et d'être associés à l'ancien régime", a précisé le porte-parole militaire américain. Au cours de 5 raids et de 228 patrouilles, de la région de Tikrit, fief du président déchu Saddam Hussein, jusqu'aux abords de Kirkouk, à 255 km au nord de Bagdad, la 4e division a également découvert un avion de combat Mig caché sous du treillage près de la ville de Balad, au nord-est de la capitale, selon la même source. Des soldats américains ont ouvert le feu sur un groupe de 17 personnes qui violaient le couvre-feu, rassemblées autour d'une station-service à Duluiyah, à 80 km au nord-est de Bagdad, a ajouté le lieutenant-colonel MacDonald, précisant qu'il s'agissait de tirs de sommation. Les soldats ont ensuite tiré une nouvelle salve de sommation avant de tirer sur deux hommes qui ont été emmenés dans un hôpital militaire. Tous les membres du groupe font l'objet d'une enquête, a-t-il poursuivi. La 4e division a saisi en outre 100 grenades, 42 munitions de RPG, 2 mitrailleuses antiaériennes, 4 boîtes de munitions, 11 Kalachnikovs, 4 mortiers et 6 obus de mortier, selon la même source.