Visiblement, les compétitions continentales ne réussissent pas à l'USM Alger qui, pourtant, domine la scène footbalistique nationale depuis son retour parmi l'élite. Il ne se passe pas une saison sans que les Rouge et Noir ne remportent le titre du championnat ou celui de la coupe. La saison écoulée, les coéquipiers de Aribi ont gagné un doublé historique, confirmant ainsi leur hégémonie locale. Mais à l'échelle internationale, la situation est, semble-t-il, complètement différente. Le club cher au président Saïd Allik n'arrive pas à exaucer le rêve des milliers de ses fidèles supporters de voir un jour la formation de Soustara se glorifier d'un titre africain, seule consécration qui manque à son palmarès. La patience des Usmistes de goûter à la saveur particulière d'une consécration continentale risque de durer encore longtemps, tant les hommes de Abdelouahab ont sérieusement compromis leurs chances de qualification dans la Ligue africaine des clubs champions. Les supporters de l'USMA, présents en masse ce vendredi au stade Tchaker de Blida, pour prêter main-forte à leur équipe, l'ont confirmé à leurs dépens. L'adversaire du jour, le prestigieux club tunisien de l'ES Tunis, était un dur morceau difficile à manier. Même étant malmenés durant toute la partie, cela n'a pas eu raison outre mesure de la détermination des protégés du rusé coach Youcef Zouaoui, qui ont fini par l'emporter par la plus petite des marges (1-0). Une victoire qui place les Tunisiens en pole position pour arracher le billet qualitatif en demi-finale. À l'inverse, les Algérois doivent désormais, croiser les doigts et compter sur un véritable miracle pour s'adjuger une place dans le carré d'as. Un espoir que les supporters de l'USMA cultivent toujours. Hier, dans les quartiers de Bab El-Oued et de Soustara, propre fiefs des mordus des Rouge et Noir, l'ambiance était morose. La chaleur suffocante qui régnait sur la capitale ainsi que la déception de cette défaite n'ont pas encouragé les supporters à trop tartiner sur la mauvaise performance de leurs favoris. Parfois, c'est le sujet de cette canicule qui dominait les discussions des Algérois. Cet état de fait n'a pas empêché, toutefois, certains d'entre eux à revenir sur la mauvaise aventure blidéenne. “On ne vous cache pas qu'on est très déçu par cet échec qui risque bien de nous coûter cher dans le décompte finale. Nous avons perdu deux matches à notre portée. En voyant les images de la première confrontation face à l'Aviacao à la télévision, il nous semble que l'USMA aurait pu facilement s'en sortir avec un match nul. Et, pratiquement, le même scénario s'est reproduit vendredi face à l'Espérance. Notre équipe était nettement supérieure à son adversaire, notamment en première période, mais la victoire est revenue aux Tunisiens. C'est vraiment dommage ! Néanmoins, on ne désespère pas de voir l'USMA se racheter dans les prochaines rencontres. La qualification demeure possible, car il reste quatre matches en jeu. Il va falloir, cependant, gagner coûte que coûte le prochain match ici à Alger face à l'équipe camerounaise du Canon de Yaoundé”, devait nous dire un groupe de supporters groupé à l'ombre d'un arbre. L'un d'eux voulant se montrer plus téméraire, affirme : “Rien n'est perdu pour l'USMA. Nous possédons la meilleure équipe du pays, qui pourra faire des merveilles. Ce n'est pas cette défaite qui va troubler la volonté des joueurs de passer au prochain tour. Je suis persuadé qu'une victoire face au Canon aura l'effet du déclic sur l'équipe. En tout cas, je suis toujours optimiste, même si l'échec de vendredi m'est resté en travers de la gorge.” “Nous regrettons déjà Bourahli” Les supportes de l'Union d'Alger n'ont pas manqué de pointer un doigt accusateur vers la ligne d'attaque coupable, selon eux, de ce revers. À ce titre, un jeune qui, malgré qu'il est préoccupé par les examens du bac, prévus en septembre prochain, se met volontiers dans le sujet et dresse sa propre analyse du match :" Pensez-vous que c'est logique qu'une attaque qui a fait feu la saison écoulée dans les quatre coins du pays n'arrive même pas à inscrire le moindre but en Ligue des champions ? Une chose est sûre, quelque chose ne va pas dans ce compartiment. " Une analyse qui a sonné comme une critique à l'encontre du nouveau coach, Abdelouahad. Mais il n'a pas manqué de faire sa propre mise au point : “Je suis vraiment mal placé pour critiquer les choix de l'entraîneur en question parce qu'ayant déjà fait ses preuves quand il dirigeait le CRB. Je persiste toutefois à dire que l'attaque ne tourne pas bien”, avant d'enchaîner : “Il est bien claire que nous commençons a priori à regretter le départ de Bourahli. C'est un joueur à tout faire. Il marque des buts, il donne des balles décisives, un attaquant racé, quoi ! Bourahli voulait “certes, retourner à Sétif, mais la direction du club aurait dû le retenir pour au moins bénéficier de son expérience et son savoir-faire dans cette Coupe d'Afrique.” Même son de cloche du côté du premier responsable de la barre technique de l'USMA, Abdelouahab, qui, à la fin du match face à l'EST, a critiqué la ligne offensive. “On a fait les frais des maladresses de nos attaquants. Ces derniers, durant la première mi-temps, ont raté plusieurs occasions de but. Il est connu qu'à ce stade de la compétition, l'équipe qui n'arrive pas à concrétiser sa domination, finira par encaisser des buts. C'est le cas de mon équipe. Nous avons un grand problème dans ce compartiment.” fulmine-t-il. “Nos clubs sont trop faibles !” “La déroute de l'USMA, double vainqueur du championnat d'Algérie, dans ces quarts de finale de la Ligue des champions, confirme, on ne peut mieux, la faiblesse des clubs algériens. Cette situation doit, normalement, donner à réfléchir aux responsables du ballon rond national. Après la dernière consécration de la JSK dans cette épreuve en 1990, aucun de nos clubs n'est parvenu à se frayer une place parmi les géants du continent.” Cette réflexion est faite si faiblement par un vieux supporter de l'USMA, qu'on entendait à peine sa voix. Il était en train de siroter un café. En s'approchant davantage de lui, ce sexagénaire nous dira : “Il ne faut pas se leurrer les uns les autres : le football algérien est profondément malade. C'est une réalité qu'on doit regarder en face. Au moment où nos clubs s'attachent les services de joueurs moyens à coups de centaines de millions, les autres pays d'Afrique investissent dans la formations de jeunes talents et la construction d'infrastructures sportives qui permettent leur émergence. L'exemple de l'USMA et du MCA, entre autres, est le plus édifiant. Ils ne possèdent pas un terrain de football. Au lieu de s'occuper de la formation de jeunes joueurs, ils se sont retrouvés, malgré eux, à se disputer le stade de Bologhine dont la pelouse ressemble plus à un béton armé. " Les pouvoirs publics sont, du coup, interpellés, sinon, d'autres raclées s'annoncent en perspective. K. Y.