L'opération de crédits immobiliers à taux bonifiés de 1% et de 3 % est encore à ses premiers balbutiements. Plus de deux mois après la promulgation du décret exécutif fixant les modalités d'accès à cette formule, force est de constater que le dispositif n'est toujours pas bien maîtrisé par ses initiateurs. C'est ce qui ressort de la conférence animée hier par les dirigeants de l'Association des banques et des établissements financiers (Abef) au forum d'El Moudjahid. Quand bien même, cette organisation a eu le mérite de fournir des efforts pour une meilleure vulgarisation, il n'en demeure pas moins que la démarche, dans son aspect technique, souffre d'un manque de clarté. Les pouvoirs publics ont lancé une nouvelle formule suscitant ainsi une demande sans toutefois se soucier de l'offre. “Nous n'avons pas de statistiques pour quantifier la demande, c'est le marché qui va le déterminer”, indique M. Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Abef. Or, la logique voudrait que l'on doive de prime abord avoir une idée sur un nombre ne serait-ce qu'approximatif, de postulants afin d'anticiper sur l'offre en logements selon les conditions qu'exige ce produit bancaire. Mais, il se trouve que l'habitude est à jamais ancrée dans le comportement et le raisonnement des responsables : l'on provoque une demande, des listes de centaines de milliers de demandeurs sont de ce fait établies. Leurs dossiers sont acceptés sans pouvoir accéder à des logements des mois voire des années plus tard. Et le scénario vécu avec la location-vente est encore édifiant. L'espoir nourri par la formule magique a vite cédé la place au… désespoir. Aujourd'hui, personne n'est en mesure de se prononcer sur le sort réservé aux demandes des milliers de citoyens “basculés” par l'AADL vers les programmes futurs. Cette agence, submergée par d'innombrables candidats, s'est aussitôt appuyée sur la salvatrice proposition la Cnep-banque qui a projeté la réalisation de 65 000 logements. Cependant, cette banque devrait, en toute légitimité, privilégier ses propres clients avant ceux issus des listings de l'AADL. Pire encore, le projet en question accuse un retard flagrant. Pour revenir aux prêts bonifiés, les procédures à effectuer n'ont pas été suffisamment clarifiées hier au cours de cette rencontre. Hormis les conditionnalités requises par ce produit bancaire, la démarche à suivre n'a pas été explicitée. Les intervenants se sont contentés de louer les bienfaits de ce produit en termes de solvabilité et de capacité d'endettement du client, de dynamisation du marché de l'immobilier. Les adhérents de l'Abef avancent le chiffre de 500 agences bancaires seulement à avoir entamé l'opération sur les 1 450 recensées à travers le territoire national. M. Benkhalfa souligne que le stock de crédits arrêtés au 31 décembre 2009 est estimé à 300 000 emprunteurs. Le représentant du crédit populaire d'Algérie (CPA) parle de 1 000 clients ayant bénéficié de ce type de crédits. Il est à noter que tout logement promotionnel collectif y compris le LSP (logement social participatif) est éligible à la bonification. Ce n'est point le cas des coopératives immobilières. “Afin de bénéficier d'un prêt à taux bonifiés, il faut que le logement soit achevé”, précise le délégué général de l'Abef. Concernant le logement rural, seuls les résidants de ces zones qui tirent leurs économies de l'agriculture ainsi que les fonctionnaires exerçant là-bas sont concernés. Pour l'octroi de ce crédit, les banques peuvent fiancer, selon Abderrahmane Benkhalfa, jusqu'à 10 millions de dinars. Cela dépend bien entendu de la capacité d'endettement du client.