Enterrant définitivement la rhétorique guerrière de son prédécesseur, George W. Bush, Barack Obama abandonne la terminologie de “guerre contre le terrorisme”, pour désigner comme principal ennemi des Etats-Unis la mouvance “Al-Qaïda”, la séparant clairement de la religion musulmane, pour “délégitimer l'usage du terrorisme et à isoler ceux qui y ont recours”. Devant les conséquences désastreuses de la rhétorique élaborée par l'administration de George W. Bush après le 11-Septembre 2001, en particulier la notion de “guerre contre le terrorisme”, qui avaient notamment conduit à l'accroissement du sentiment anti-américain, particulièrement dans le monde arabe et musulman, la nouvelle administration US change son fusil d'épaule, en optant pour une nouvelle stratégie. Dévoilée jeudi dernier, celle-ci abandonne la terminologie de “guerre contre le terrorisme” et désigne al-Qaïda comme principal ennemi des Etats-Unis, tout en soulignant que le seul usage de la force ne peut pas garantir la sécurité du pays. Le document de 52 pages sonne formellement le glas de la rhétorique élaborée par l'administration de George W. Bush après le 11-Septembre 2001 et révèle la manière dont les Etats-Unis évaluent et contrent les menaces, qui a fait l'objet d'intenses consultations au sein de l'administration Obama depuis 16 mois. Il décrit un monde aux prises avec des menaces en mutation et tend à redéfinir ce que sera la politique étrangère américaine après deux guerres sanglantes en Irak et en Afghanistan et une crise économique mondiale. Il est recommandé de mener une évaluation poussée des intérêts américains à l'étranger et de l'usage de la force, pointant un grand nombre de menaces allant de la cyberguerre aux épidémies en passant par les inégalités. Ces objectifs ne seront atteints, selon la nouvelle stratégie, que si, outre leur puissance militaire, les Etats-Unis s'appuient sur la diplomatie, les leviers économiques et l'aide au développement et l'éducation. Ceci est résumé par cette phrase de Barack Obama : “Notre sécurité à long terme ne viendra pas de notre faculté à susciter la peur chez d'autres peuples, mais de notre aptitude à répondre à leurs aspirations.” Par ailleurs, il est clairement affirmé dans ce rapport : “Nous chercherons toujours à délégitimer l'usage du terrorisme et à isoler ceux qui y ont recours.” Il est notamment indiqué que “ce n'est pas une guerre mondiale contre une tactique — le terrorisme — ou une religion — l'islam”. Washington distingue désormais entre son ennemi numéro un, al-Qaïda, et la religion musulmane en précisant : “Nous sommes en guerre contre un réseau spécifique, al-Qaïda, et ses terroristes affiliés qui appuient les efforts pour attaquer les Etats-Unis, nos alliés et partenaires.” Le document met en exergue les menaces que représentent les éléments radicalisés n'ayant pas le profil traditionnel de terroristes, comme le jeune Nigérian ayant essayé de faire exploser un avion de ligne au-dessus du territoire américain le jour de Noël, ou encore le père de famille américain d'origine pakistanaise soupçonné d'avoir voulu perpétrer un attentat à la voiture piégée à New York le 1er mai. Il aboutit également à la conclusion : “Notre meilleure défense contre cette menace réside dans des familles, des collectivités locales et des institutions bien équipées et informées”, et précise que “le gouvernement va investir dans le renseignement pour comprendre cette menace”. Ceci étant, la nouvelle stratégie s'appuie sur d'autres axes que sont, la lutte contre les crises économiques et le réchauffement climatique, dont les conséquences peuvent mettre en péril la sécurité des Etats-Unis. Elle préconise, néanmoins, une approche “sans illusion” dans les relations avec les ennemis des américains, comme l'Iran et la Corée du Nord, avertissant ces derniers qu'ils s'exposent à l'isolement s'ils continuent à ignorer les propositions concernant leurs programmes nucléaires controversés. Il n'en demeure pas moins la possibilité pour les Etats-Unis de lancer des actions militaires unilatérales, mais sous des conditions plus strictes que ne le prévoyait la politique de l'administration Bush.