Résumé : Yasmina accepte la demande en mariage de Mouhoub après avoir pris soin de poser certaines conditions. Elle prend le bateau en compagnie de Fadhéla et de Zouhir pour rejoindre son mari à Marseille. 54eme partie Yasmina se met à rire franchement. - Je ne savais pas que je faisais peur à tout ce monde. Fadhéla se met à rire. - Franchement, Yasmina, tu m'intrigues. Tu vas garder cette tenue le long de la traversée ? - Mais bien sûr et même après. Je ne me vois pas du tout mettre un voile alors que je vais habiter dans une ville où toutes les femmes s'habillent à la mode du siècle. - Et qu'en dira ton mari ? - Il est déjà averti (elle rit). Cela aussi va te paraître inconvenable n'est-ce pas ma pauvre Fadhéla ? - Non, pas du tout. Tu as bien fait de poser tes conditions. Toi au moins tu connais ton mari. Par contre, moi, je ne l'ai même pas encore vu. - J'avoue que je ne me vois pas du tout mariée de la sorte. - Je sais. Tu as beaucoup de chances, Yasmina. Mouhoub est un gentil garçon qui a beaucoup de respect pour les femmes. - Oui. (Elle pousse un soupir). Mais tout de même, c'est un homme qui est né au bled et qui ne doit pas être différent des autres, bien qu'il soit instruit et assez ouvert d'esprit. - C'est déjà pas mal non. Et je pense qu'il t'a épousée parce qu'il voulait aussi une femme instruite et compréhensive. - Je n'en doute pas. Mais mon instruction, si elle m'est une précieuse alliée, ne m'empêchera jamais de renier nos traditions et nos origines. J'aimerais tout simplement vivre mon temps et profiter des progrès du savoir et de la science. - Et ton rôle de femme dans tout ça ? Yasmina jette un coup d'œil accusateur à Fadhéla. - Voilà les fausses idées qu'on t'a inculquées Fadhéla. L'instruction, loin d'être un handicap, rehaussera au contraire mon rôle de femme au sein de la famille. Elle me permettra de bien éduquer mes enfants et de tracer leur avenir. C'est pour cela que bien des femmes dans le monde se sont révoltées. Elles demandent le droit d'étudier, de travailler et d'avoir des projets, tout comme les hommes. Et ce n'est pas tout cela qui va les empêcher de fonder une famille. Fadhéla garde le silence. Yasmina disait vrai. Elle-même est révoltée contre ces femmes qui ne veulent pas bouger pour accéder à certains avantages sociaux. Mais c'était encore un début. Un début timide. Les femmes, même les plus évoluées, sont contraintes à garder leur distance. Elle discutèrent encore un moment, puis Yasmina sortit pour faire le tour du bateau. Elle monte sur le pont, puis visite les grandes salles de réception, les salons, le restaurant, la salle des machines, et remonte encore sur le pont où elle fera connaissance avec plusieurs couples. Elle retourne enfin dans sa cabine avec une pile de journaux sous le bras. Fadhéla avait le mal de mer. Elle était pâle comme un linge et avait du mal à parler et à ouvrir les yeux. Yasmina lui prépare un jus de citron et lui donne deux comprimés qui ne tardèrent pas à l'envoyer dans les bras de Morphée. C'était bientôt l'heure du dîner. Zouhir, qui avait pris une cabine mitoyenne à la leur, vint frapper à la porte pour leur demander ce qu'elles désiraient pour ce premier repas sur le bateau. Yasmina l'informe que Fadhéla dormait profondément et qu'elle ne voit elle-même aucun inconvénient pour monter dîner avec lui au restaurant. Y. H. (À suivre)