Résumé : Mouhoub et Yasmina entament leur vie de couple. Pour commencer, la jeune femme métamorphose son appartement. Mouhoub est tellement heureux qu'il l'emmène à l'opéra. 58eme partie Yasmina qui avait déjà lu la pièce de William Shakespeare est subjuguée par le jeu des acteurs. Elle ne quitte pas une seconde la scène des yeux et Mouhoub, amusé, l'invite à prendre un peu d'air à l'entracte. - Tu es toute rouge, ma chérie. On dirait que la pièce te fascine. - Bien plus que tu ne le crois. Cela se passe exactement comme dans le livre. J'ai hâte de voir le deuxième acte. - Ces acteurs ont appris tout d'abord leurs répliques par cœur avant la mise en scène. - Ils jouent très bien. J'avoue que c'est la première fois où je vois une pièce sur scène, mais cela ne m'a jamais empêché de donner libre cours à mon imagination. La soirée se termine dans un restaurant italien, où Mouhoub tenait à faire goûter à sa jeune femme une des spécialité de la maison, les spaghettis. Yasmina apprécie le goût légèrement relevé des pâtes en sauce, mais se jura de préparer dès le lendemain un bon plat traditionnel qui fera oublier à son mari tous ces repas pris dans les tavernes de Marseille. Pour cela, elle demande à Mouhoub de la laisser faire ses courses elle-même. Ce dernier ne voyant pas d'inconvénient lui remet un peu d'argent en lui recommandant de faire attention à son sac et à sa monnaie. C'était inutile. Yasmina savait très bien ce qu'elle faisait. Elle avait déjà repéré le marché, la boucherie, l'épicerie et la boulangerie. C'est d'un pas décidé qu'elle alla tôt le matin s'approvisionner alors que Mouhoub dormait encore. Elle revint les bras chargés et se met tout de suite au travail. Depuis ce jour, elle interdira à Mouhoub les restaurants et les gargotes du coin. Elle lui préparait elle-même des repas chauds et consistants qu'il trouvait succulents et appétissants. - Cela fait des années que je n'ai pas goûté à de tels plats, ma chérie. Cela me rappelle un peu ma défunte mère, ne cessait-il de répéter. Yasmina lui avoue que c'était un plaisir pour elle de le gâter et de lui démontrer que ni l'instruction, ni ses idées un peu folles sur la liberté de la femme, ne l'empêcheraient d'être une bonne épouse et une bonne ménagère. D'ailleurs, depuis son arrivée, l'appartement luisait de propreté et ressemblait à un petit coin de paix où Mouhoub aimait se prélasser durant ses journées de repos. Quelques jours passent. Yasmina qui s'ennuyait à la maison durant les heures de travail de son mari, sortait souvent. Elle avait découvert des quartiers anciens et leurs dédales lui rappelaient un peu son propre quartier. Elle marchait parfois toute une journée sans se rendre compte et faisait connaissance avec mille et une choses. Son rêve, c'était de reprendre ses études. Elle s'était renseignée et on l'avait orientée vers des écoles de rattrapage où elle pouvait s‘inscrire pour parfaire ses connaissances. Mouhoub l'encouragea lui-même à étudier. Et c'est ainsi que Yasmina reprit le chemin de l'école. Elle s'était inscrite dans une classe de littérature classique et s'y donnait à cœur joie. Un jour, Zouhir, qui venait souvent leur rendre visite, leur apprit que Fadhéla était enceinte. Yasmina, qui ne l'avait pas revu depuis leur voyage, décide d'aller lui rendre visite. Fadhéla habitait un quartier retiré et assez sombre. Les immeubles n'étaient pas entretenus et des déchets trônaient dans l'entrée et les cages d'escalier. Yasmina a failli se casser le cou avec ses talons et sa longue jupe. Enfin, elle arrive devant une porte du 2e étage et vérifie que le numéro était le bon avant de sonner. Aucune réponse ne lui parvint. Elle sonne encore une deuxième, puis une troisième fois. En vain. Fadhéla était-elle sortie ? Avant de renoncer, elle se met à frapper à la porte en criant : Fadhéla ! Tu es là ? C'est moi Yasmina ! Elle crut entendre un bruit de pas puis une voix à peine audible lui parvint : - Yasmina ! Oh ! comme je suis contente de t'entendre. - Ouvre-moi donc la porte, Fadhéla ! En guise de réponse, Yasmina perçu un sanglot. - Que se passe-t-il, Fadhéla ? Tu ne te sens pas bien ? Elle tente de faire tourner le bouton de la poignée. - Mais pourquoi ne réponds-tu pas ? Ouvre donc cette porte qu'on puisse se parler. Un moment passe, puis elle entend un chuchotement. - Yasmina ! Tu es encore là ? - Mais oui ! Tu ne veux toujours pas m'ouvrir la porte ? - Non. Je ne peux pas. Y. H. (À suivre)