Les fouilles entreprises depuis près d'une année, par des équipes d'archéologues, au niveau de la populaire place des Martyrs, n'ont pas fini de dévoiler leurs secrets. C'est du moins ce qu'a révélé Mme Badia Sator, directrice de la culture à la wilaya d'Alger, lors de la présentation du projet du plan de sauvegarde de La Casbah. Joignant le mot à la parole, la directrice a invité l'assistance à suivre un court métrage inédit sur les découvertes faites par les spécialistes, en juillet dernier, au niveau de l'emplacement même de la principale station de métro, située à la place des Martyrs. Avec les vestiges découverts lors des sondages de 2008, approfondis par les fouilles de juillet 2009, les résultats ont permis d'adapter l'étude du métro à la nécessité de conservation des vestiges découverts, témoignages de deux mille ans d'histoire d'Alger. Il est donc proposé de réaliser une station de métro-musée. Le document, réalisé par un jeune archéologue, Kamel Stiti, pourtant tourné en pleine fournaise de l'été dernier, montre, en effet, que ce n'est pas une petite trouvaille, mais qu'il s'agit bel et bien d'un site archéologique. Avec un savoir-faire teinté d'une grande humilité, le spécialiste confie qu'“à cinq mètres de profondeur de la place des Martyrs, vingt siècles d'histoire d'Alger nous contemplent”. Les deux fouilles et les différents sondages ont permis de découvrir tout le quartier commercial ottoman à environ deux mètres de profondeur, toute la strate du quartier médiéval entre trois et quatre mètres, une basilique intacte de l'époque romaine tardive (Ve siècle après Jésus-Christ), des structures romaines primitives à plus de sept mètres, des structures phéniciennes sur le Rocher Bleu. Des tombes, une citerne d'eau, des cendres et un atelier de ferronnerie ont également été mis au jour. La deuxième fouille a révélé des résidences ottomanes, des vestiges romains, le Rocher Bleu. Seuls les Berbères se sont implantés loin de la mer. À noter que les fouilles ont été menées dans le cadre de la coopération algéro-française sous l'égide de l'Unesco. La station principale interconnexion du métro a été décalée en arrière-plan, soit vers l'ancien hôtel de la Régence. Elle a été creusée à vingt mètres de profondeur pour ne pas perturber l'emplacement du site archéologique, dont le périmètre sera certainement élargi afin de permettre d'autres fouilles. Quant aux futurs usagers du métro, ils auront le plaisir, en montant ou en descendant de la rame, de contempler les vestiges de plusieurs siècles. La directrice de la culture a conclu dans ce cadre que s'agissant de l'unique site dans le genre au niveau du monde arabe, beaucoup de demandes ont été enregistrées pour profiter de notre expérience.